
La Suisse découvre les plans d’épargne avec ETF. Des versements mensuels à bas prix au risque calculable simplifient la constitution d’un patrimoine à long terme. Explications
Les plans d’épargne ETF, vous connaissez? Il s’agit d’investissements réguliers automatisés dans des fonds indiciels traités en bourse (Exchange Trade Funds). Concrètement, ils consistent en général à acquérir pour un montant fixe, souvent à un rythme mensuel, des parts d’un fonds choisi au préalable. Comme ces ETF sont négociés en bourse, le prix d’une part fluctue au fil du négoce. Mais si, sur une longue durée, on acquiert des parts chaque mois pour le même montant, par exemple 100 francs, on obtient automatiquement plus de parts pour le même montant quand les cours sont à la baisse et, par conséquent, moins de parts quand les cours grimpent.
La plupart du temps, il en résulte à long terme, surtout avec des marchés très fluctuants, un prix d’achat moyen qui se situe au-dessous du cours moyen mathématique (Cost Average Effect). Calculé sur la plupart des périodes de quinze ans, cet effet s’est certes avéré rentable, mais il ne garantit pas pour autant un placement lucratif. Pour cela, encore faut-il que la stratégie sous-jacente et les produits choisis apportent leur contribution.
Des ETF pour (presque) chaque stratégie de placement
Pour l’essentiel, la stratégie dépend de la disposition au risque individuelle de chaque investisseur et se reflète dans le choix des ETF sous-jacents. L’offre est vaste et s’étend d’un objectif de placement dans des actions suisses aux indices d’actions et d’obligations globaux en passant par les matières premières et l’immobilier, les fonds thématiques durables et l’intelligence artificielle. «Cela dit, la plupart de nos clients optent pour des ETF portant sur des actions à répartition globale ou se limitant aux actions suisses», relève Philipp Merkt, directeur des investissements chez PostFinance, qui propose depuis juin dernier l’opportunité d’un plan d’épargne reposant sur une sélection de 30 ETF.
Il n’y a pas de seuil d’entrée, mais les clients doivent souscrire au minimum une part de fonds par mois, dont le montant varie. Le fracking, à l’aide duquel les parts de fonds peuvent être partagées est encore un objectif de développement supplémentaire sur la feuille de route de PostFinance, qui affirme être à ce jour la plus grande banque de détail à offrir à ses clients un accès à la fonction Plan d’épargne en ETF. «Nous percevons un fort potentiel pour les plans d’épargne ETF, car c’est un moyen simple et peu coûteux de se constituer un patrimoine sur le long terme», estime Philipp Merkt.
En Allemagne, les plans d’épargne sont un succès depuis pas mal de temps. A en croire le portail de statistiques Statista, à fin 2022 le nombre de mises en œuvre de plans d’épargne mensuels se situait autour de 6,6 millions puis il est passé à 7,1 millions en un an. Et pour fin 2026, on s’attend à ce que l’Allemagne en compte 20 millions.
Une des raisons de cette progression triomphale est à coup sûr la simplicité. Le montant systématiquement mis de côté chaque mois peut être automatisé par le prestataire et donc concrétisé à bas coût, si bien que pour l’épargnant il est plus facile d’accepter un renoncement prédéfini à consommer. Car l’automatisme crée vite une habitude et évite de faire de la comptabilité.
Mais une autre cause particulièrement convaincante est sans doute le seuil d’entrée bas assorti de frais modestes que permettent les plans d’épargne en ETF. Sur ce point, les gestionnaires financiers numériques du genre Yuh, Finpension et Neon ont généralement pris de l’avance. Ils ont d’ailleurs été les premiers en Suisse à proposer des plans d’épargne en ETF. Ces gestionnaires financiers numériques permettent parfois à leurs clients de verser à leur plan d’épargne de tout petits montants de quelques francs, souvent sans frais.
Démocratisation des placements financiers
De telles offres à seuil bas devraient aussi permettre à des personnes aux ressources plus modestes de participer au marché financier. C’est du moins l’idée sous-jacente. Cela dit, mieux vaut ne pas oublier que tout placement comporte des risques. Pour un investissement dans un ETF sur un indice d’actions largement diversifié, une perte totale est certes hautement improbable mais des reculs des cours et des phases durables de ralentissement ne peuvent néanmoins être exclus. D’où la recommandation constante, de la part du prestataire, de considérer un plan d’épargne en ETF comme un engagement à long terme, afin de surmonter dans la mesure du possible les mauvaises années boursières. «Avec des plans d’épargne en ETF, il ne faut pas être pressé. Il faut du temps», résume Philipp Merkt.
De telles offres à seuil bas devraient aussi permettre à des personnes aux ressources plus modestes de participer au marché financier
Il demeure toutefois convaincu du potentiel de ce nouveau mode d’épargne. Tout comme David Kunz, directeur des opérations de BX Swiss Exchange. Alors que plus de 1600 ETF sont listés à la bourse SIX de Zurich, la deuxième bourse de Suisse, celle de Berne,arrive déjà à près de 800. Seuls un petit nombre d’entre eux ont été conçus en vue d’un plan d’épargne par leurs émetteurs mais il devrait y en avoir davantage à l’avenir. «L’individualisation croissante de ces produits d’investissement est particulièrement intéressante, car les investisseurs souhaitent plus de choix et de flexibilité dans la composition de leurs plans d’épargne», souligne David Kunz. Ce qui signifie que l’éventail de l’offre sera non seulement plus large mais aussi plus profond, de manière que les objectifs et stratégies de placements plus complexes puissent également être indexés et épargnés.
«Nous constatons en tout cas que les banques sont toujours plus nombreuses à monter dans le train et, par conséquent, nous nous attendons à une évolution passionnante vers un surcroît de diversité et un meilleur accès afin d’atteindre une large base d’investisseurs», pronostique le directeur des opérations de la bourse David Kunz.