Les prix à la consommation ont connu une nouvelle poussée en Suisse en avril, après une pause observée en mars. Le renchérissement s’est inscrit à 1,4% en rythme annuel, contre 1% le mois précédent
En rythme mensuel, les prix ont gonflé en avril de 0,3%, a indiqué l’Office fédéral de la statistique (OFS) jeudi dans son communiqué. Les économistes interrogés par l’agence AWP s’attendaient à une inflation moins forte en rythme annuel, leurs prévisions s’établissaient entre 1% et 1,2%. La variation mensuelle était, elle, attendue entre 0,1% et 0,2%.
Dans le détail, le regain d’inflation s’explique principalement par le renchérissement des voyages à forfait internationaux ( 6,7%), des transports aériens ( 3,4%) ainsi que de l’essence et du mazout ( 3,1%). En revanche, les prix de l’hôtellerie et de la parahôtellerie ont diminué, de même que ceux du gaz.
De leur côté, les loyers sont restés stables, «ce qui est très positif pour la préservation du pouvoir d’achat des ménages et l’assouplissement monétaire entrepris par la Banque nationale suisse (BNS) en mars», relève dans un commentaire Arthur Jurus, stratégiste à la banque privée Oddo BHF Suisse.
L’inflation sous-jacente, qui exclut les produits saisonniers, l’énergie et les carburants, a augmenté en avril de 0,4% en rythme mensuel. Sur un an, la hausse s’inscrit à 1,2%. Les tarifs des produits indigènes ont grandement soutenu l’inflation sur un an, ceux-ci ayant bondi de 2% ( 0,1% en comparaison mensuelle). Pour les produits importés, les prix se sont repliés de 0,4% sur douze mois, mais ont augmenté de 1,1% en glissement mensuel.
### Un renchérissement qui reste élevé
«La tendance désinflationniste se poursuit, mais le renchérissement des prix à moyen terme reste élevé», résume Arthur Jurus. Depuis janvier 2022, l’inflation affiche une hausse de 5,3% en raison de l’alimentaire ( 10%), des loyers ( 4,6%), de l’électricité ( 47,9%) et du gaz ( 26%). Les loyers devraient rester le principal contributeur à l’inflation sous-jacente, même si leur augmentation est beaucoup moins forte que ce qui était prévu fin 2023, fait-il remarquer.
Selon Oddo BHF Suisse, ces chiffres confortent les attentes des investisseurs d’un taux directeur de la BNS de 1% à fin 2024. La Banque nationale avait déjoué les pronostics, en abaissant en mars dernier son taux directeur de 0,25 point à 1,5%. Au vu de la baisse de l’inflation, la BNS a pris les devants, en recalibrant sa politique monétaire avant les autres grandes banques centrales. La prochaine réunion de politique monétaire est fixée le 20 juin prochain.
Depuis l’été dernier, le renchérissement en Suisse s’inscrit sous le seuil de 2%, soit dans la fourchette que la BNS assimile à la stabilité des prix. Après un pic de 3,5% en août 2022, l’inflation a reflué plus rapidement que prévu, laissant les coudées franches à la banque centrale helvétique pour abaisser son taux directeur. Dans ses dernières prévisions, la BNS table sur une inflation de 1,4% cette année, de 1,2% en 2025 et de 1,1% en 2026.