
ÉDITORIAL. La cote de popularité du président américain reste au beau fixe. Mais ses électeurs commencent à s’inquiéter des risques inflationnistes de sa politique
Qu’est-ce qui pourra arrêter Donald Trump? Alors que le président américain impose son agenda sur la scène internationale et que son homme de main Elon Musk fait le ménage promis dans l’administration américaine, l’historien Harold James tentait prudemment d’apporter une réponse à cette interrogation la semaine dernière dans la NZZ.
Selon lui, les marchés financiers pourraient «peut-être» représenter le «dernier régulateur» du président américain. Ceux-ci ont en tout cas peu goûté mardi la publication d’un indicateur témoignant de la chute de la confiance des consommateurs aux Etats-Unis. Publié par l’association professionnelle Conference Board, il confirmait un premier signal d’alarme émis courant février par une autre enquête du même type.
De plus en plus d’Américains redoutent les effets de la politique de l’ancien promoteur immobilier, l’instauration de nouveaux droits de douane menaçant d’attiser une inflation que la Réserve fédérale tente d’éradiquer depuis trois ans. Si les augmentations de taux spectaculaires menées par la banque centrale dans ce but ont permis d’endiguer les hausses de prix, ces dernières ont rebondi à 3% en janvier, rappelant que la partie n’était pas encore définitivement gagnée. La politique monétaire vise traditionnellement un taux compris entre 0 et 2%.
«It’s the economy, stupid»
Plus que le mouvement anti-wokiste, la guerre en Ukraine ou même la tentative d’assassinat dont il a été l’objet l’été dernier, la flambée des prix post-pandémie a été déterminante dans l’incroyable come-back réalisé par le républicain, ralliant de nombreux indécis à sa candidature. En partie à raison, l’image de son prédécesseur est restée irrémédiablement associée à une baisse de pouvoir d’achat pour une majorité d’Américains.
Personne ne sait vraiment quelles sont les véritables intentions de Donald Trump avec ses velléités protectionnistes. Il est fort probable qu’il cherche surtout à exercer une pression maximale sur ses partenaires commerciaux, à commencer par la Chine, pour conclure des accords favorables aux Etats-Unis. Le risque que son plan déraille est toutefois loin d’être négligeable car on ne conclut pas de «deal» avec les prix. Et même si beaucoup d’eau va couler sous le Potomac d’ici là, le sort des élections de mi-mandat dépendra en grande partie de l’évolution du renchérissement.
Alors que les dates butoirs articulées par le président américain pour l’introduction de nouveaux tarifs douaniers approchent, celui-ci ne manquera pas de méditer une célèbre phrase chère à Bill Clinton: «It’s the economy, stupid.» Dans un pays où la consommation représente le moteur de la conjoncture mais aussi de l’accomplissement individuel, le pouvoir d’achat reste en effet probablement le principal faiseur de rois.