
Les courtiers adoptent prudemment le marketing d’influence pour ne pas bouleverser un secteur résidentiel suisse encore attaché à la discrétion. Cette évolution traduit pourtant une tendance: vendre un mode de vie, pas seulement des mètres carrés
La séduction immobilière se joue sur les réseaux sociaux. «Le marketing immobilier s’est longtemps limité à des éléments descriptifs: surface, emplacement, prix. Désormais, les agences cherchent à faire ressentir une expérience de vie: on ne se contente plus de montrer un espace, on raconte la manière dont on pourrait y habiter», observe Julien Intartaglia, professeur de marketing à la Haute Ecole de gestion Arc (HEG Arc).
Ce glissement du produit vers l’émotion correspond au «passage d’une logique de vente à une logique de désir», comparable aux phénomènes observés dans les secteurs du luxe ou du tourisme. «L’acheteur ne cherche plus seulement à acquérir une maison, mais un symbole de réussite, d’équilibre ou d’évasion», souligne l’enseignant. Dans cette perspective, chez Naef Immobilier, le directeur des ventes, Yves Cretegny, constate une nette progression de la créativité numérique. «Nos courtiers réalisent davantage de vidéos scénarisées et de prises de vues aériennes, ce qui permet de mieux valoriser les biens», explique-t-il. «La vidéo permet de percevoir un lieu avant même la visite et d’aider l’acheteur à se projeter.» Julien Intartaglia voit dans ces changements une évolution naturelle: «L’agent immobilier devient aussi créateur de contenu. Il donne un visage à la marque et met en scène son expertise.» Cette réflexion s’inscrit d’ailleurs dans un mouvement que la HEG Arc illustrera lors de sa 3e Journée du marketing expérientiel, le 4 décembre à Neuchâtel, consacrée au pouvoir du récit et de l’influence.
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