
L’énergéticien fribourgeois annonce ce mardi la fermeture de deux filiales actives dans le secteur de la fibre optique et la suppression de 69 postes, pour des résultats financiers jugés «insuffisants». Groupe E les avaient intégrées en 2021
L’entreprise avait déjà annoncé la couleur. En avril, lors de la présentation de ses résultats, Groupe E annonçait un programme d’économie destiné à améliorer sa rentabilité de 35 millions de francs par an dès 2026, sans plus de précision. Ce mardi 5 novembre, l’énergéticien fribourgeois a annoncé tirer la prise de ses filiales S. Roubaty basée et FTH Services, dans le cadre d’un redimensionnement de ses activités dans la fibre optique. Cette décision se traduit par la suppression de 69 postes (67,2 équivalents plein-temps). Fin 2023, le groupe comptait 2716 collaborateurs.
Les résultats financiers des deux filiales sont «insuffisants», souligne la société dans un communiqué, qui évoque également un resserrement des marges et des «ajustements tarifaires imposés par les acteurs principaux [qui] compromettent la rentabilité des entreprises sous-traitantes». En 2023, le groupe affichait un chiffre d’affaires d’un peu plus de 1 milliard de francs pour un bénéfice net de 138 millions.
Des prix qui «ne permettent pas» de poursuivre les activités
«Aujourd’hui, nous avons un marché structuré autour des opérateurs qui sont propriétaires des réseaux et de quatre sociétés présentent à l’échelle nationale qui se partagent les opérations d’installation. Nous intervenons en tant que sous-traitant pour ces entreprises. Dans ce contexte, nos prestations sont encadrées par une liste de prix forfaitaires qu’il n’est pas possible de négocier, des prix qui ne nous permettent pas de poursuivre ces activités», précise au Temps Jacques Mauron, directeur général de Groupe E. L’entreprise ne communique pas les économies que cette décision doit lui permettre de réaliser.
L’énergéticien avait intégré S. Roubaty et FTH Services, respectivement basées à Rossens (FR) et à Lausanne (VD), en 2021. Dans son rapport de gestion pour l’année 2021, Groupe E indique que le bilan total des deux sociétés était respectivement de 2,9 et 8,3 millions de francs. Trois ans seulement après leur achat, la décision de fermer ces entreprises peut interroger. «Nous ne l’avions pas vu venir, affirme Jacques Mauron. Nous arrivions encore à travailler directement pour les opérateurs, mais nous avons vécu un véritable retournement de marché.»
Une filiale épargnée
Mardi dans la matinée, le groupe fribourgeois indique avoir informé les employés de ces mesures, des discussions avec les représentants du personnel et les syndicats ont débuté dans l’après-midi pour l’élaboration d’un plan social. Contacté, le syndicat Syndicom confirme être en contact avec l’entreprise mais ne souhaite pas faire plus de commentaires à ce stade des négociations. La cessation complète des activités des deux sociétés est prévue au 31 décembre 2025. Dans son communiqué, le groupe signale compter sur des départs naturels, des retraites anticipées, des reclassements internes et un soutien actif à la recherche d’emploi pour atténuer l’impact social de ces mesures.
«Nous conservons une petite activité dans le domaine de la fibre, il y a donc une possibilité de transférer quelques-unes des personnes concernées, indique Jacques Mauron. Nous sommes également en contact avec des acteurs du secteur. Il y a encore du travail dans le secteur de la fibre puisque le réseau est toujours en construction. Ces employés sont également prioritaires pour d’autres offres d’emploi au sein du groupe quand les postes disponibles sont en adéquation avec leurs compétences.»
Fixnet, une autre filiale du groupe également active dans la construction d’infrastructures de fibre optique n’est pas concernée par cette décision. «Les activités de cette entité sont plus diversifiées. Elle intervient sur des grands chantiers ferroviaires ou routiers et n’est pas dans une position de sous-traitance. Elle n’est donc pas concernée par les difficultés évoquées», affirme Jacques Mauron.
Groupe E a également annoncé le licenciement de neuf collaborateurs dans les secteurs des installations électriques générales et du sanitaire du fait d’un «fort ralentissement dans les projets de construction dans l’Arc jurassien» qui touche le volume de commandes de la direction technique et infrastructures de Groupe E dans la région du Jura.
L’entreprise fribourgeoise indique poursuivre en parallèle son plan d’économie qui doit lui permettre de dégager des marges suffisantes pour réaliser des investissements dans la transition énergétique. «Nous faisons face à des freins dans le domaine des pompes à chaleur et dans le photovoltaïque cette année. Nous devons en permanence procéder à des ajustements lorsque le marché l’exige, indique Jacques Mauron. Dans le domaine de la fibre, nous essuyions des pertes et si nous voulons pouvoir investir 2 milliards de francs dans la transition énergétique, nous ne pouvons pas nous permettre de conserver des activités déficitaires.»