
CHRONIQUE. Un nouveau rapport de la Progress Foundation s’interroge sur le chaos apparent de l’administration Trump, y voyant non une dérive incontrôlée, mais bien une stratégie délibérée de retrait de l’hégémonie américaine
Quand Le Grand Continent a publié une traduction intégrale du discours tenu par Donald Trump lors de sa tournée dans les pays du Golfe, j’avoue avoir ressenti un plaisir coupable. Un plaisir coupable est une chose que l’on aime, même si elle n’est pas toujours bien vue par le reste de la société. Lire ce discours m’a laissé, comme presque chaque fois, une impression gênante de voir en Trump un mélange entre le parfait ignare moyen, et de l’autre, un animal politique redoutable, qui a bien mieux compris son époque que ses détracteurs. Parfois, je le soupçonne de souhaiter rendre hommage au philosophe américain Harry Frankfurt et son ouvrage De l’art de dire des conneries, dans lequel il fait une distinction entre ceux qui baratinent, et ceux qui racontent volontairement des mensonges. Pendant que le menteur doit connaître la vérité pour la manipuler, le baratineur se montre lui simplement indifférent à elle. Trump appartient à la deuxième catégorie et se gausse depuis des années des réactions à ses propos.
Dans une analyse, Vom Umgang mit Amerika, récemment publiée par la Progress Foundation, Konrad Hummler et Ivan Adamovich partent du constat qu’en Europe le débat autour du président américain est majoritairement influencé par des approches psychologisantes, souvent empreintes de moralisme. Faisant passer le président pour un fou sans stratégie. Prenant le contrepied, le rapport propose d’examiner l’hypothèse d’un plan d’action relativement cohérent de l’administration Trump II.
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