
Notre série commence quelque part entre Sion et Viège dans la cabine d’un conducteur valaisan. La frontière suisse n’est pas encore franchie que déjà se matérialisent l’échec de l’Europe sociale et les ravages du dumping dans le monde opaque, souvent méprisé mais essentiel des chauffeurs poids lourds
Lundi matin, pas encore 8h et déjà en retard. Au volant de son camion flambant rouge, Nicolas Allimann grommelle, les yeux posés sur un autre poids lourd parqué à quelques mètres, pas flambant celui-là. Sa bâche oscille entre le gris et le gras et porte en lettres délavées le nom d’une société de transport roumaine. Une antenne parabolique a été montée à l’avant du véhicule, les rideaux de la cabine sont tirés. «Tu crois qu’il aurait déchargé? Le conducteur est sûrement en train de dormir», maugrée le routier, 62 ans au compteur.
Cet employé de l’entreprise valaisanne Berthod Transports – «à votre service depuis 1946» – doit récupérer la marchandise du camion roumain pour la monter sur un chantier à Täsch, vers Zermatt, avant de charger des fûts de produits chimiques à Viège et filer jusqu’à Venlo, aux Pays-Bas, où il est attendu le lendemain à 15h. Seulement, sur le parking du RENAULT Truck Center valaisan où soupire Nicolas Allimann, l’attente se prolonge, la marge s’estompe et, avec elle, les pauses café.
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