
2025 marque les 100 ans de l’Art déco. Pour l’horlogerie suisse, cette date est plus qu’un anniversaire, elle marque une révolution. La montre sort alors de la poche pour s’accrocher au poignet. Ça a tout changé et c’est à Genève que tout a commencé
Cartier a cartonné ce printemps avec ses nouvelles Tank à Guichets, revenues comme des madeleines de Proust des Années folles. A Watches and Wonders, Jaeger-LeCoultre avait tout misé sur sa Reverso, son best-seller de l’entre-deux-guerres. En 2023, Rolex a épaté tout le monde avec la Perpetual 1908, une nouvelle collection qui reprend quasiment trait pour trait une pièce de 1931. Toutes ces montres – et tellement d’autres – ont un tronc commun: l’Art déco. Simplicité des lignes, réduction géométrique, contrastes graphiques. Le style est facilement reconnaissable, il a dominé l’industrie jusque dans les années 1950 et a donné ses codes à la montre classique. Son nom a été défini a posteriori, en référence à un événement devenu témoin d’une époque: l’Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes, tenue à Paris il y a exactement un siècle, d’avril à novembre 1925.
L’Art déco et l’horlogerie, c’est une vraie belle histoire d’amour, qui dure et qui a commencé à Genève. Le salon de la joaillerie GemGenève en a furtivement levé un coin de voile début mai à Palexpo, en rassemblant près de 200 objets d’époque. Révélateur d’un bouleversement majeur dans l’industrie de la mesure du temps. Car durant ces années folles, alors que le monde se modernisait entre deux crises, la branche horlogère suisse opérait sa grande mutation. Pendant que l’activité industrielle se concentrait dans l’Arc jurassien, Genève s’imposait en capitale économique, et donnait son nouveau visage à la montre. Une identité créative et luxueuse, centrée sur les artisanats venus de la joaillerie – qui ont survécu et que l’on nomme aujourd’hui «métiers d’art».
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