
Souvent ignorés, voire désertés, par les passants comme par les commerçants, les pieds de nos immeubles ont pourtant un rôle essentiel à jouer dans nos quartiers. Un trio d’experts décrypte comment repenser ces espaces
La situation n’aura échappé à personne car aucun canton n’est épargné par ce phénomène: nos rez-de-chaussée perdent de leur attrait. Lors d’un webinaire organisé récemment par le cabinet de conseil Wüest Partner, Julien Thiney, l’un des responsables de la société, a commenté l’obsolescence lente mais remarquée de nos surfaces d’activités. «Avec la digitalisation de l’économie, la jeune génération qui cherche à vivre des expériences et à les partager, ou encore les horaires de fréquentation qui ne sont plus les mêmes qu’autrefois car plus étalés, la demande des rez-de-chaussée s’est complexifiée ces dernières années», constate l’analyste.
La part de bureaux, au niveau suisse, s’est d’ailleurs quelque peu tarie (télétravail oblige), passant de 31% d’occupation des rez-de-chaussée en 2013 à 25% en 2023-2024. Autre observation: si la dimension de passage suffisait auparavant à elle seule à planifier et rendre attractifs des rez-de-chaussée, aujourd’hui tel n’est plus le cas. Julien Thiney s’appuie sur un comparatif entre deux gares genevoises multimodales: «A Lancy-Pont-Rouge comme à Lancy-Bachet, on retrouve dans ces deux quartiers en transformation un fourmillement de population grâce aux voitures, aux trains, aux trams et aux vélos. Toutefois, le premier se veut extrêmement fort en emploi avec un potentiel de développement de ses rez-de-chaussée tournés vers des activités dites «de destination» (fitness, bars branchés, services…), tandis que le second, principalement résidentiel avec des ménages relativement modestes, se concentre sur des services de proximité.»
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