
La loi GENIUS Ac oblige les émetteurs de cryptomonnaies à conserver des réserves au moins équivalentes à la valeur du stock de stablecoins. Une législation destinée à asseoir la confiance de particuliers et institutions dans cette monnaie numérique
Les stablecoins en voie de démocratisation. Le Sénat américain a adopté, mardi, un texte instaurant un cadre législatif pour ces cryptomonnaies adossées à une devise ordinaire, un vote considéré comme une étape importante pour le développement de cet actif.
Les stablecoins sont considérés comme les plus sûres et les moins volatiles des monnaies numériques car ils conservent, au fil du temps, leur parité avec une devise classique, souvent le dollar.
Cette loi, baptisée GENIUS Act et soutenue par 68 sénateurs (30 contre), oblige les émetteurs de cryptomonnaies à conserver des réserves au moins équivalentes à la valeur du stock de stablecoins. Elles sont détenues sous forme d'actifs très liquides, c'est-à-dire qui peuvent être rapidement vendus ou convertis. La liste fixée par le Sénat comprend notamment les dépôts bancaires, les bons du Trésor à court terme, ainsi que pièces et billets.
Le précédent Terra
Cette disposition est considérée comme essentielle pour asseoir la confiance de particuliers et institutions dans les stablecoins, qui a été entamée par le scandale Terra en 2022.
La start-up Terraform Labs avait créé un stablecoin baptisé TerraUSD, dont le cours était censé être garanti par un algorithme et non par des réserves équivalentes.
En mai 2022, une brutale vague de retraits a déstabilisé le TerraUSD et a fait descendre son cours sous un dollar, mouvement qui a provoqué l'effondrement de ce stablecoin.
«Les Etats-Unis se rapprochent du statut de leader mondial des cryptomonnaies»
Autre disposition du texte du Sénat, les émetteurs de stablecoins aux Etats-Unis vont désormais être placés sous le contrôle de régulateurs bancaires. Les stablecoins émis par des acteurs non-bancaires dépendront notamment de l'OCC (Office of the Comptroller of the Currency), l'une des agences de régulation bancaire américaines.
Cette nouvelle législation doit pérenniser, voire étendre, aux yeux de ses promoteurs, l'influence du dollar dans l'univers des cryptomonnaies.
Les stablecoins en dollars pourraient ainsi être préférés, hors des Etats-Unis, par des particuliers ou des entreprises cherchant à se protéger contre les variations de leur monnaie nationale.
«Avec cette loi, les Etats-Unis se rapprochent du statut de leader mondial des cryptomonnaies», a déclaré le porteur du GENIUS Act, le sénateur républicain Bill Hagerty. «Il va renforcer la domination du dollar, protéger les consommateurs et accroître la demande de bons du Trésor américains.»
La Chambre des représentants doit trancher
Si les républicains sont parvenus à rallier plusieurs sénateurs démocrates, certains sont restés inflexibles, pointant l'absence de mesures pour limiter la spéculation, le blanchiment et les conflits d'intérêt. Les opposants au texte ont notamment mentionné l'émission, par la société World Liberty Financial, associée à la famille Trump, d'un stablecoin, l'USD1, qui a déjà servi à une énorme transaction du fonds souverain émirati MGX.
Le deuxième acte du processus législatif va maintenant se jouer à la Chambre des représentants. Cette dernière à la possibilité de poursuivre l'examen de sa propre proposition de loi, le STABLE Act, ou d'y renoncer pour se prononcer sur le GENIUS Act.
Dans le premier cas, en cas d'adoption, il faudrait réconcilier les deux textes pour aboutir à une version commune.
Avant même le vote de ce texte, les stablecoins avaient le vent en poupe. L'émetteur du deuxième stablecoin le plus échangé au monde (USDC), Circle, est entré en fanfare à la Bourse de New York début juin.