George Bush n'est pas ce président simplet et incompétent dont on riait
George Bush n'est pas ce président simplet et incompétent dont on riait il y a deux ans. C'est un danseur au bord de l'abîme, et personne ne sourit plus.
Le paquet budgétaire qu'il a expédié au Capitole est doux pour les forts et dur pour les faibles. Les démocrates, qui le diront pour reprendre l'offensive, constatent une évidence. Car il faudrait être sourd pour ne pas entendre ce que les conservateurs – les républicains au pouvoir revendiquent hautement ce titre – affirment depuis toujours: les politiques de solidarité financées par l'Etat sont contre-productives; elles détruisent plus de richesse qu'elles n'en créent. Même les vieux Américains, sous ce président, n'obtiendront pas ce qu'ils demandent: le remboursement pour tous des médicaments prescrits.
L'argent coule à flots pourtant, malgré la disparition de juteux surplus dans les comptes fédéraux. Il est promis à la sécurité et – bien que le budget n'en dise rien – à la guerre. La nouvelle doctrine républicaine, qui veut assurer à l'extérieur aux Etats-Unis une prépondérance politico-militaire absolue, comporte, on va bientôt le voir, des risques énormes pour le monde. De la même manière, la limitation des programmes sociaux, à l'intérieur, contient des promesses de fractures.
La société américaine n'a pas besoin d'un accroissement de la concurrence entre les individus et les groupes, mais de nouvelles manifestations solidaires. Quoi qu'en dise George Bush, Washington ne sait plus ce qu'est la compassion.