
La maison parisienne traite la montre comme ses autres métiers: la création avant tout et la technique a intérêt à suivre. A la manufacture de La Chaux-de-Fonds, cela se traduit par des investissements massifs. Et des horlogers trop occupés pour penser à la crise
C’est un grand vaisseau de verre qui borde La Chaux-de-Fonds (NE). Chanel flotte en lettres noires sur de longs drapeaux blancs, mais l’entreprise ressemble à ses voisines dans cette zone purement industrieuse. Elle a même gardé son nom d’origine, G&F Châtelain, initiales des deux frères fondateurs Georges et Francis. Preuve que l’horlogerie est approchée comme les autres métiers qui meublent la maison parisienne: la marque trace la ligne créatrice, les savoir-faire restent dans les mains des praticiens. Et chez Chanel, on ne prend pas l’industrie à la légère. Fin février, la direction a ouvert ses portes pour rendre compte sur place de tout ce qui a été construit. Avec en point de mire la collection qui sera dévoilée au salon Watches and Wonders de Genève, le 1er avril. D’ici là, on peut parler de tout, mais pas de nouveautés.
Quelques chiffres et dates pour commencer. Les bâtiments ont une surface de 14 000 m2, recouverts de 3765 m2 de panneaux solaires assurant entre 12 et 17% des besoins en électricité. Le site regroupe 480 collaborateurs, dont 44% de femmes et 56% d’hommes, d’une moyenne d’âge de 40 ans et couvrant une soixantaine de métiers. Les frères Châtelain, spécialisés dans le polissage d’or, créent l’entreprise en 1947. La collaboration avec Chanel commence en 1987, lors du lancement de la montre Première. La société neuchâteloise est rachetée en 1993. Il y aura deux extensions, en 1997 et en 2012, lors de l’internalisation de la joaillerie. En 2000, Chanel présente le modèle J12, entamant la production de céramique. En 2016, le Calibre 1 est finalisé, ouvrant l’intégration de la haute horlogerie — les calibres de série sont produits chez Kenissi, coentreprise de Rolex et Chanel.
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