Actionnaires mécontents ou passifs, employés frustrés et résultats en berne. La NZZ revient sur l’origine des difficultés du groupe bâlois
Le chimiste Clariant a vu sa rentabilité baisser en 2023. Le chiffre d’affaires a reculé de 7% à 4,38 milliards de francs, indique le groupe dans son rapport annuel publié ce jeudi. Au même moment, la NZZ se penche sur la situation de l’entreprise, qui traverse une période de turbulence depuis plusieurs années. «Le groupe provoque beaucoup de frustrations», écrit le journal zurichois.
Un «initié» affirme que «l’ambiance est catastrophique», au sein du groupe bâlois, depuis qu’une vaste restructuration a été menée. L’informateur anonyme dit recevoir chaque semaine des appels de cadre souhaitant quitter l’entreprise.
Au siège, on juge au contraire la situation plutôt favorable, à l’interne. La direction admet que l’entreprise a traversé une période de turbulence mais, depuis, les mécontents seraient partis et la situation des cadres, en particulier, se serait «nettement améliorée», dit-elle, s’appuyant sur des enquêtes internes menées auprès des collaborateurs.
La mauvaise humeur concernerait surtout les investisseurs, affirme encore l’entreprise. Il faut préciser que le cours de l’action du chimiste a encore chuté de 10% depuis le début de l’année. En cinq ans, il a presque diminué de moitié.
### Un «aplatissement hiérarchique» qui a coûté leurs postes à de nombreux cadres
La période «agitée» coïncide avec l’arrivée de Conrad Keijzer à la tête du groupe il y a trois ans, pour remplacer l’ancien chef d’entreprise de longue date Hariolf Kottmann. Ce changement a été suivi d’une importante restructuration interne. Entre-temps, les dix niveaux qui séparaient le patron des collaborateurs au plus bas sur l’échelle hiérarchique sont passés à six, précise la _NZZ_. Cet «aplatissement hiérarchique» a coûté leurs postes à une dizaine de cadres, suscitant le mécontentement chez une partie du personnel.
L’administration, comme la direction, étaient considérées comme surdimensionnées. L’entreprise aurait pu gérer un chiffre d’affaires de plus de 15 milliards de francs mais elle n’a jamais dépassé son pic de 10,6 milliards de francs, atteint en 2000. En 2022, le produit de Clariant s’élevait encore à 5,2 milliards de francs, après que le groupe eut décidé de céder plusieurs secteurs d’activité. «L’entreprise semble avoir renoncé à son ambition de devenir un poids lourd de la branche», pour se concentrer sur les domaines à forte valeur ajoutée, observe la _NZZ_.
Mais les difficultés de Clariant ne sont pas propres à cette entreprise. La branche de la chimie dans son ensemble subit une conjoncture faible et devrait se redimensionner, estiment les analystes cités par le journal zurichois, qui mentionne enfin une autre difficulté, à savoir l’incertitude autour des intentions de l’actionnaire principal de Clariant: Sabic. Cette société pétrochimique d’Arabie saoudite, qui contrôle 31,5% du capital du groupe bâlois, semble pourtant s’en désintéresser.