CHRONIQUE. Son économie à la peine, Berlin doit aujourd’hui rogner sur ses dépenses et augmenter les impôts et cela passe mal dans l’opinion publique. Le frein à l’endettement est-il adapté aux périodes de crise? s’interroge notre chroniqueur Charles Wyplosz. En Grèce en tout cas, on se souvient de 2010…
En 2010, les marchés financiers ont considéré que le gouvernement grec était en faillite. En tant que pays membre de la zone euro, la Grèce ne pouvait pas compter sur sa propre banque centrale pour s’en sortir. Elle a appelé ses partenaires à l’aide. Après bien des débats, les autres pays ont accordé une aide, soumise à des conditions draconiennes. Ces conditions ont fait chuter le PIB grec de 25%. Aujourd’hui, il reste encore 15% en dessous de son niveau d’avant la crise. Dire que les Grecs ont été contents d’être ainsi aidés serait travestir la réalité. Ils en ont surtout voulu à l’Allemagne, qui a poussé pour que les conditions fassent passer aux Grecs le goût de l’indiscipline budgétaire. On peut imaginer qu’aujourd’hui, les Grecs éprouvent une joie maligne (Schadenfreude en allemand) à voir ce qui se passe en Allemagne.
L’Allemagne est la grande victime des récents soubresauts économiques. Son industrie a longtemps prospéré sur une énergie bon marché, bénéficiant d’un accès au gaz russe relativement peu onéreux. La crise de l’énergie et les sanctions russes ont brutalement changé la donne. Les entreprises allemandes avaient aussi grandement profité de leurs exportations vers la Chine, qui ont chuté. La Chine est désormais en pointe de la production de véhicules électriques et de batteries électriques. De ce fait, l’économie allemande est en panne depuis la sortie du covid, son PIB a même légèrement reculé en 2023, la plus mauvaise performance parmi les pays de la zone euro, et l’avenir est morose.
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