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Source : LeTemps.ch  (il y a 4 mois)

L’engagement philanthropique en période de transition

Les philanthropes et les fondations d’utilité publique peuvent se positionner de manière à transformer les défis actuels en opportunités pour générer de l’impact social. Maximilian Martin, Global Head of Philanthropy chez Lombard Odier, en est convaincu

Le monde est confronté à des défis importants, allant du changement climatique à des bouleversements majeurs, en passant par les guerres. Parallèlement, au cours des dernières décennies, la philanthropie est passée à une approche plus factuelle et proactive, selon Maximilian Martin. «Les philanthropes sont de plus en plus ambitieux quant aux résultats et à l’impact social ou environnemental qu’ils souhaitent obtenir grâce aux projets qu’ils financent», explique le responsable de la philanthropie pour le Groupe Lombard Odier. Autrement dit: comment mettre en place des projets philanthropiques de manière qu’ils apportent la plus grande contribution possible en termes d’impact social ou de «valeur ajoutée» dans le domaine de la philanthropie. Et pourquoi est-ce important?

Maximilian Martin, Global Head of Philanthropy chez Lombard Odier — © Lombard Odier
Maximilian Martin, Global Head of Philanthropy chez Lombard Odier — © Lombard Odier

Dans le monde, plus de 2 milliards de personnes – soit un quart de la population mondiale – vivent dans des pays fragilisés. Par le biais des 17 objectifs de développement durable (ODD) des Nations unies et d’autres cadres, la communauté mondiale s’engage à promouvoir le développement et à aider les personnes qui sont dans le besoin. Les pays industrialisés sont eux aussi de plus en plus confrontés à des défis sociaux tels que la pauvreté, la préservation de la paix sociale ou la destruction de l’environnement. Selon l’OCDE, l’aide publique au développement pour soutenir les pays du Sud s’est élevée à 185,9 milliards de dollars en 2021. «C’est beaucoup d’argent – mais c’est loin d’être suffisant pour parvenir à un développement pérenne et fournir une aide humanitaire dans le monde entier», explique M. Martin. Même si ces fonds n’étaient alloués qu’aux pays les plus pauvres, l’aide au développement dépasserait à peine 90 dollars par an et par personne. ### «L’effet ricochet» comme modèle Pour financer la réalisation des objectifs de développement durable, il manque, selon les calculs de l’ONU, entre 2500 et 4200 milliards de dollars par an. «Cet écart risque de se creuser», explique Maximilian Martin. «Outre les coûts consécutifs à la pandémie de covid, la limitation du changement climatique et la défense internationale continueront de peser sur les finances publiques à court et moyen terme.» Par rapport aux fonds publics et aux marchés des capitaux, les fonds dédiés à la philanthropie sont très limités. On estime par exemple que les 13 790 fondations d’utilité publique inscrites au registre du commerce suisse disposent au total d’une fortune d’environ 140 milliards de francs, dont environ 3% sont distribués chaque année. Maximilian Martin ajoute: «Ces ressources peuvent apporter une contribution importante au bien commun.» Les enfants aiment faire ricocher des pierres sur l’eau. Ceux qui l’ont déjà fait savent que tout dépend de la force de l’impulsion et de la bonne technique – le record est de près de 100 mètres avec plus de 80 sauts. «La philanthropie regorge d’exemples à cette image, produisant un impact social extraordinaire par rapport aux moyens mis en œuvre, aussi appelés philanthropie stratégique.» Par exemple, près de 3 milliards de personnes préparent des repas pour leur famille en utilisant un foyer ouvert dans la maison. Cette méthode de cuisson n’est pas seulement inefficace d’un point de vue énergétique, elle est également dangereuse. Selon l’OMS, elle tue chaque année environ 3,8 millions de personnes. Or, la pollution de l’air intérieur est responsable de près de la moitié du 1,2 million de décès annuels causés par une pneumonie chez les enfants de moins de 5 ans. Heureusement, beaucoup de choses évoluent à ce niveau. Par exemple, la Clean Cooking Alliance (CCA), organisme à but non lucratif et cofinancé par des fondations, s’est fixé pour objectif de contribuer, avec ses partenaires, à un accès universel à une cuisine sans danger. A ce jour, 40 millions de personnes ont pu bénéficier de l’action de l’ACC, améliorant également les conditions de vie des femmes. «La sensibilisation et les mesures mises en place pour changer les comportements et encourager les consommateurs à utiliser des dispositifs et des combustibles plus propres et modernes jouent un rôle prépondérant. En outre, les mécanismes de marché, l’entrepreneuriat social et les investissements de capital-risque contribuent aussi à faire baisser les coûts des produits et de ces solutions afin qu’ils puissent être disponibles et accessibles partout où la demande existe», explique Maximilian Martin. Les fondations d’utilité publique sont souvent la première source de capital-risque à utiliser pour lancer de telles innovations. ### Mettre en place des structures adéquates L’expert de Lombard Odier poursuit: «Cela peut paraître direct, mais le choix d’une structure philanthropique appropriée augmente considérablement les chances de réaliser des objectifs d’impact.» Pour se positionner efficacement, il faut tenir compte de quelques éléments. «A commencer par le choix de la bonne structure. Ces questions sont justement abordées dans l’ouvrage publié récemment _De l’aspiration à l’action: un guide pour les nouveaux philanthropes,»_ mentionne son auteur M. Martin. Le choix de l’une ou l’autre structure peut avoir des conséquences juridiques, financières et opérationnelles importantes. Une fondation indépendante semble souvent être le choix le plus évident en termes de proximité. «Le manque de flexibilité qui en résulte conduit cependant de plus en plus de fondateurs à se tourner vers d’autres structures de don», explique M. Martin. Par exemple, il est possible de créer, sous l’égide d’une fondation d’utilité publique exonérée d’impôts, des fonds de dotation portant un nom et un objectif de soutien individuels. La décision de choisir une structure est profondément personnelle. Dans ce contexte, outre toutes les questions «techniques», il est important d’adopter une approche prospective: «Les visions peuvent évoluer et changer.» Les personnes s’engagent pour une cause par conviction personnelle. Cela vaut également pour l’engagement philanthropique, qui exprime toujours des valeurs et des convictions. «La manière de donner est influencée par l’histoire de vie, le parcours personnel et professionnel et les réseaux des donateurs, explique M. Martin. Nous vivons toutefois dans une époque de progrès scientifiques rapides et qui exige le plus haut degré de transparence. Nos connaissances ne cessent de croître et nous devrions en tenir compte dans notre action afin de saisir les opportunités d’impact qui en résultent.» > La manière de donner est influencée par l’histoire de vie, le parcours personnel et professionnel et les réseaux de donateurs ### Se concentrer sur la valeur ajoutée Selon l’Unicef, seul un enfant sur quatre vivra dans un pays où 70% des objectifs de développement durable liés aux enfants seront atteints. «Nous devrons donc explorer de nouvelles pistes, ajoute Maximilian Martin, et la philanthropie peut fournir des impulsions importantes à cet égard.» A l’instar du travail de la Fondation Botnar, une fondation suisse qui s’efforce d’améliorer la santé et le bien-être des jeunes dans les villes du monde entier. Elle s’intéresse en particulier à la participation des jeunes et à une mise en œuvre équitable de l’intelligence artificielle et de la technologie numérique. Pour ce faire, la fondation soutient des programmes innovants et réunit des acteurs de différents secteurs. Elle utilise également elle-même des analyses de données volumineuses pour identifier les problèmes et trouver des solutions. Dans la pratique, l’engagement philanthropique évolue entre deux pôles: l’action stratégique et l’interprétation des valeurs. Selon M. Martin, «une manière prometteuse d’accroître l’impact de la philanthropie, en plus de bonnes stratégies de soutien, consiste à lier l’ensemble du capital philanthropique aux objectifs d’impact». Concrètement, si une fondation consacre chaque année 2 à 5% de ses actifs au financement de projets d’intérêt général, cela signifie que les 95 à 98% restants du capital peuvent être investis sur les marchés publics et privés pour obtenir des rendements financiers et financer ainsi des projets futurs. «En axant la stratégie d’investissement sur un modèle aligné sur le but philanthropique de la fondation, également appelé Mission-related Investing, il est possible d’obtenir un impact social encore plus important.» ### Des règles pour un meilleur impact Outre le choix d’une structure adéquate et une vision holistique du capital investi (distributions et patrimoine de la fondation), quelques principes de base permettent, selon M. Martin, de maximiser l’impact social: - Miser sur la profondeur: se limiter à un nombre restreint de projets permet de se concentrer sur les résultats et l’impact. - Efficacité des organisations bénéficiaires: une vérification en bonne et due forme de l’efficacité des organisations bénéficiaires pressenties, de leur viabilité financière, de la qualité de leur gouvernance et de leur réactivité à l’évolution des besoins permet de privilégier celles qui ont le plus d’impact. - Evaluer et apprendre: la philanthropie stratégique exige de la persévérance. Elle requiert aussi d’examiner les succès et les échecs pour en tirer des enseignements. La communauté internationale a connu une année mouvementée et pleine de défis. Heureusement, les philanthropes s’engagent dans de nombreux domaines pour le bien commun. «L’effet ricochet» devient plus important que jamais face aux nombreux challenges. Maximilian Martin en est convaincu: «Les changements de contexte et les événements inattendus nous invitent tous à soumettre nos stratégies à un processus d’apprentissage permanent et à les adapter alors même qu’elles sont en cours de mise en œuvre.» Dans le domaine de la philanthropie, une telle démarche permet d’obtenir le plus grand impact possible avec des moyens limités. * * * **L’art de la philanthropie** En proposant des conseils philanthropiques par le biais d’une unité de services dédiée, Lombard Odier s’appuie sur le rôle important que joue la philanthropie dans les activités de la banque privée depuis plus de 225 ans. Cela a parfois pris la forme d’actions spécifiques et de grande envergure de la part de ses Associés gérants, par exemple en soutenant Henry Dunant lors de la création du Comité international de la Croix-Rouge en 1863. Au fil des années et à la demande de sa clientèle, Lombard Odier a développé une activité de conseil philanthropique afin de l’aider à créer, structurer, orienter stratégiquement et gérer des projets philanthropiques sur mesure. [lombardodier.com/philanthropy](http://lombardodier.com/philanthropy)

Mercredi 20 décembre 2023, 09h00 - LIRE LA SUITE
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