Le milliardaire Nicolas Puech, qui souhaite adopter son employé de maison et en faire son héritier, suscite l’inquiétude de ses proches. Redoutant qu’il ne soit sous emprise, l’un d’entre eux demande l’ouverture d’une enquête
Le principal actionnaire individuel d’Hermès est-il sous l’emprise de son ancien employé de maison et de sa compagne? Les autorités valaisannes de protection de l’enfant et de l’adulte (APEA) ont été saisies de la question par le biais d’un signalement transmis par l’avocat valaisan Yannis Sakkas, représentant d’un ancien proche de Nicolas Puech. L’octogénaire, qui détient 5,7% des parts du groupe de luxe français spécialisé dans la maroquinerie et dont la fortune est estimée à environ dix milliards de francs, s’est établi dans le val Ferret en 1999, au bénéfice d’un forfait fiscal.
Célibataire et sans enfants, il a déposé une demande auprès des autorités valaisannes pour adopter son ancien homme à tout faire, âgé de 51 ans et d’origine marocaine, comme le révélait il y a deux semaines La Tribune de Genève. Ce qui assurerait à ce dernier de toucher au moins la moitié de sa fortune, pour autant que la procédure aboutisse. Ce scénario rocambolesque – Nicolas Puech a signé en 2011 un pacte successoral prévoyant que sa fondation Isocrate luttant contre la désinformation hérite de ses biens, qu’il a résilié l’an dernier – a depuis fait le tour du monde.
### Enquête demandée
Selon le signalement envoyé fin novembre et [révélé vendredi](https://www.tdg.ch/succession-contestee-en-valais-deux-domestiques-sont-accuses-demprise-sur-lheritier-dhermes-231182591238) en fin de journée par le quotidien genevois ainsi que _Blick_, Nicolas Puech serait sous «l’emprise» du couple de domestiques qu’il appelle «ses enfants» et qui auraient pris dans sa vie «une place disproportionnée». L’APEA est donc priée d’ouvrir une enquête approfondie à ce sujet. Le milliardaire se serait «coupé du monde extérieur» depuis la pandémie de Covid» et se trouverait «en situation de faiblesse», poursuit la missive de Yanis Sakkas.
L’avocat indique par ailleurs qu’au cours des dernières années, Nicolas Puech s’est montré particulièrement généreux avec le couple. Il leur aurait notamment fait don de biens immobiliers évalués à 60 millions de francs, répartis entre la Suisse, l’Espagne et le Portugal. Les domestiques auraient aussi eu «un accès illimité» à sa carte bancaire et auraient «dépensé plusieurs centaines de milliers de francs en peu de temps» dans des boutiques de luxe genevoises. _Blick_ fait également état d’une relation intime entre le milliardaire et son employé, développée au cours des dernières décennies.
Contactés par nos confrères, l’APEA du Valais et Yannis Sakkas se sont refusés pour l’heure à tous commentaires. La _Tribune de Genève_ précise que la fondation Isocrate a pour sa part récemment annoncé qu’elle n’était «plus en mesure de traiter de nouvelles demandes de financement». Elle déclarait lors des premières révélations s’être opposée à la «volonté d’annulation unilatérale du pacte successoral» par Nicolas Puech, qualifiée d’infondée.
### Conte de fées ou abus de faiblesse?
Présentée comme un conte de fées dans certains médias nord-africains, cette affaire renvoie à d’autres qui ont défrayé la chronique. Notamment celle de l’héritage de la milliardaire Liliane Bettencourt, première actionnaire de L’
OREAL décédée en 2017, qui a donné lieu à un long feuilleton juridique. En cause, des dons importants que la femme d’affaires avait fait à son confident, le photographe François-Marie Banier. En 2016, il avait été condamné à quatre ans de prison avec sursis et 375 000 euros d’amende après avoir été poursuivi pour abus de faiblesse.
En Valais, l’histoire est encore loin d’être terminée. La demande d’adoption de Nicolas Puech n’a pas encore été traitée, et l’APEA devra désormais dire quelle suite elle entend donner au dossier.