COMBourse - Analyse graphique de l'actualite, des actions et des societes
 
CREER VOTRE COMPTE
Source : LeTemps.ch  (il y a 2 mois)

Des codes QR pour suivre la trace d’un diamant, de son extraction jusqu’au dernier client

Plusieurs entreprises se lancent dans la traçabilité numérique des gemmes grâce à la technologie de la blockchain. C’est le cas de la start-up iTraceiT basée à Braine-le-Comte (Belgique)

Et si la solution passait par la création d’un «jumeau digital» pour chaque diamant? Les exigences de transparence s’imposant toujours plus dans le monde diamantaire, la start-up iTraceiT a flairé l’affaire. La jeune société belge basée à Braine-le-Comte, au sud de Bruxelles, a développé un système censé permettre la traçabilité numérique des gemmes depuis leur extraction minière jusqu’au dernier client grâce à une nouvelle technologie combinant blockchain et code QR.

«L’idée est de pouvoir identifier l’origine du diamant, quelle que soit sa taille, et de le suivre à chaque étape de production, des différents triages à la coupe et au polissage. Ces données sont ensuite consultables dans une banque de données, accessible via un code QR, explique son directeur Frederik Degryse. Notre logiciel développé en interne permet de compiler les preuves de manière simple: des photos du diamant à l’état brut ou vidéos montrant l’emplacement précis de l’excavation, des factures d’achat, des bordereaux de transport, des certificats, etc.», ajoute-t-il.

Lire aussi: Anvers se bat pour rester la capitale mondiale du diamant
La pierre reçoit un code QR dès qu’elle quitte la mine. «Nous connectons les systèmes d’inventaire de chacun par l’intermédiaire de la blockchain. A chaque étape, tous les points de données et documents pertinents pour la traçabilité sont saisis.» L’entreprise s’est associée à [Logion](https://logion.network/), un réseau blockchain international indépendant basé à Bruxelles. «Il s’agit d’une blockchain qui se connecte aux avocats et juristes du monde entier et leur permet de vérifier et d’apposer leur sceau d’approbation sur les informations qui y figurent. Nos clients auront donc la possibilité, lorsqu’ils ajouteront certaines déclarations d’origine ou une copie de facture ou autre, de les faire signer par un juriste, ce qui lui donne une valeur juridique.» ITraceiT n’est liée à aucune organisation diamantaire, insiste son patron. Et ne se cantonne d’ailleurs pas qu’aux pierres précieuses. ![Un artisan dans l’atelier Meylemans-Somers. Le nouveau système de traçabilité devrait éviter que l’origine des diamants polis puisse être masquée. Anvers, le 17 janvier 2024. — © Valentin Bianchi / Valentin Bianchi / Hans Lucas](https://letemps-17455.kxcdn.com/photos/45d487f6-c692-441f-8ca5-7ed0fa020504 "Un artisan dans l’atelier Meylemans-Somers. Le nouveau système de traçabilité devrait éviter que l’origine des diamants polis puisse être masquée. Anvers, le 17 janvier 2024. — © Valentin Bianchi / Valentin Bianchi / Hans Lucas") ### Des questions en suspens Mais actuellement, ce sont bien les gemmes russes qui sont au centre de l’attention. L’UE a attendu son douzième paquet de sanctions contre Moscou depuis l’invasion de l’Ukraine pour les bannir. Et la Belgique a longtemps mis les pieds au mur, soucieuse de protéger Anvers, la «capitale mondiale du diamant». Moscou est accusé de financer ses efforts de guerre en Ukraine en partie à travers le commerce de diamants, dont le chiffre d’affaires représenterait 4 à 5 milliards de dollars par an. Mais pour la Belgique, la crainte est qu’une telle interdiction rate son but: la Russie peut facilement écouler ses pierres vers d’autres places diamantaires, alors qu’Anvers se voit privée de près d’un tiers des gemmes qui arrivent dans ses ateliers. Le gouvernement d’Alexander De Croo a fini par se plier à la majorité, en obtenant que le boycott soit assorti d’un mécanisme de traçabilité fiable dépassant le cadre de l’UE pour que des diamants russes ne puissent pas être écoulés avec une origine masquée. Accepté au niveau du G7 (Etats-Unis, Canada, France, Allemagne, Italie, Royaume-Uni, Japon et UE), le système devrait être opérationnel dès septembre. Mais de nombreuses questions restent en suspens. Car pour l’instant, il n’y a pas de consensus clair: l’UE et la Belgique veulent aller plus loin que les Américains. Les Etats-Unis ont par exemple très vite banni les diamants bruts russes après le début de la guerre en Ukraine, mais pas les diamants polis. Or leurs pierres made in India sont en fait à la base souvent d’origine russe. ### Un secteur très réglementé Des détails restent donc à régler. C’est là que des entreprises comme iTraceiT cherchent à s’imposer, en assurant être à terme capables d’identifier à 100% l’origine des pierres grâce à une technologie avancée «non falsifiable». Une transparence imposée par le G7 mais aussi toujours plus exigée par les grandes marques de joaillerie et d’horlogerie, soucieuses de ne pas être associées à un secteur opaque entaché de scandales. Frederik Degryse est actif depuis une quinzaine d’années dans l’industrie du diamant. Il a longtemps travaillé chez Dominion Diamond Corporation, une société d’extraction canadienne. Il a ensuite été responsable du Projet 2020 à l’Antwerp World Diamond Centre, sur le repositionnement stratégique d’Anvers comme centre diamantaire. Il connaît donc parfaitement les faiblesses du secteur et les défis à surmonter. «Le secteur diamantaire est devenu l’un des plus réglementés au monde et nous ne sommes pas récompensés comme il se doit pour tout le travail que nous accomplissons pour accroître notre transparence, déplore-t-il. Je ne conteste pas qu’il y a eu des actes répréhensibles et de grosses affaires de fraudes par le passé. Mais le secteur a fait beaucoup d’efforts pour s’assainir. Et ces efforts ne sont pas suffisamment reconnus, du moins par le secteur bancaire, qui impose toujours plus de restrictions.» Il insiste: un bon système de traçabilité n’est efficace que si toute l’industrie et les différents centres diamantaires jouent le jeu. ### Une petite boîte munie de capteurs Née il y a un an et demi, iTraceiT, qui a déjà une centaine de clients et est notamment soutenue par le gouvernement wallon, n’est pas la seule à proposer un système de traçabilité des pierres. Le diamantaire belge [HB Antwerp](https://hbantwerp.com/)s’est par exemple dès 2021 allié à Blockchain Solutions pour «fournir à ses clients des informations sur l’historique des gemmes extrêmement fiables car vérifiables publiquement», avant de se tourner vers Microsoft. Chaque diamant qui passe aujourd’hui par HB Antwerp est logé dans une petite boîte grise munie de capteurs, hermétiquement fermée. Les employés doivent disposer de codes pour l’ouvrir et chaque manipulation fait l’objet d’une entrée dans l’ordinateur, avec jusqu’à 3000 points de vérification par gemme. HB Antwerp a d’abord concentré ses efforts de traçabilité sur les grosses pierres, des diamants bruts qui émanent tous du Botswana. C’était ce qui la différenciait principalement de iTraceiT, en plus d’être une société diamantaire. «Mais nous étendons maintenant notre système aux pierres plus petites grâce à notre collaboration avec le gouvernement du Botswana. Nous nous sommes tournés vers MICROSOFT pour rendre le système évolutif, adapté à toutes les tailles et tous les volumes», commente Margaux Donckier, porte-parole de HB Antwerp.### «La meilleure sécurité reste la confiance» Opportunité commerciale oblige, la course à la traçabilité la plus fiable et performante fait rage. Et les déclarations marketing fusent. C’est ce qui fait dire à Margaux Donckier: «La principale différence entre notre système et d’autres comme iTraceiT est que le nôtre est 100% vérifié et responsable. Des systèmes comme iTraceiT, [Everledger](https://everledger.io/) et [Tracr](https://www.tracr.com/) dépendent par contre de l’exactitude des données téléchargées par les participants.» HB Antwerp revendique aussi une transparence vis-à-vis de ses partenaires en Afrique, qui ont, grâce à la blockchain, désormais accès au prix auquel une pierre, taillée et polie, passe sur le comptoir. Une nouveauté. Jusqu’ici, les mineurs africains n’étaient en principe pas informés de la valeur des diamants en fin de parcours ni des marges obtenues. Dans l’industrie du diamant, ces nouveaux acteurs disruptifs ne suscitent pas que de l’admiration. «Si on peut voler des bitcoins, n’allez pas me dire que la blockchain permet une sécurité absolue. J’y vois potentiellement un problème de protection des données. La transparence a ses limites. Pour moi, la meilleure sécurité reste la confiance que nous tissons avec des partenaires», souligne une source de l’industrie diamantaire qui souhaite conserver son anonymat. Le principe du «garbage in, garbage out» est aussi souvent évoqué. «Comment s’assurer par exemple que les commerçants de Dubaï enregistrent des données correctes et ne classent pas les diamants russes comme étant africains?», s’inquiète un autre acteur. Si les informations de départ ne sont pas fiables, c’est toute la chaîne qui sera falsifiée. Le patron d’iTraceiT ne s’émeut pas de ce type de scepticisme: «Beaucoup d’entreprises détesteraient en effet que leurs clients sachent qui est leur fournisseur. C’est la raison pour laquelle, afin de protéger ce marché, notre système de traçage est anonyme par défaut. Vous verrez tout du parcours de la pierre, par pays, mais pas à qui vous l’avez achetée. Il appartient ensuite aux différents acteurs d’ajouter des informations supplémentaires s’ils le souhaitent.»
Lire aussi: Les diamants russes ne sont pas éternels: l’UE et le G7 pourraient les interdire
### A la demande d’horlogers suisses ITraceiT n’est pas née en réaction à la guerre en Ukraine et à la menace de sanctions. Mais avant. «A la demande de marques horlogères basées à Genève, précise son CEO. Elles ont constaté que des solutions de traçabilité se développaient, mais qu’il n’y avait rien pour les petits diamants, pourtant très utilisés en horlogerie. Nous nous sommes donc lancés, avons mené une phase pilote d’un an pour tester notre système, puis la guerre a bien sûr contribué à nous faire avancer plus rapidement.» Il enchaîne: «Nous sommes les seuls à avoir dès le départ visé également la traçabilité de marchandises plus petites.» Triés et retriés, les petits diamants sont vendus par lots, souvent avec des origines mélangées. «Mais nous gardons trace de tous les mouvements, pour que le détaillant sache au final d’où viennent exactement les pierres.» Frederik Degryse en est convaincu: beaucoup de sociétés diamantaires sous-estiment la rigueur des sanctions visant Moscou. «Nous commençons à recevoir les premiers rapports faisant état de diamants russes saisis à Anvers», note-t-il. Il est bien conscient que des pierres russes continueront probablement à passer entre les gouttes. «Mais c’est précisément pour cette raison qu’Anvers doit jouer un rôle de premier plan pour la traçabilité: nous devons nous positionner comme le centre le plus transparent.»
Lire encore: Pour les diamantaires d'Anvers, «il y a une faille dans les sanctions américaines contre les diamants russes»

Samedi 10 février 2024, 11h00 - LIRE LA SUITE
Partager : 
23h03

Q4 Inc. trace une nouvelle voie ambitieuse pour les relations avec les investisseurs grâce à sa plateforme IR Ops basée sur l'IA

Communication
Officielle
18h05

Le régulateur luxembourgeois dévoile la nouvelle marche à suivre pour réparer les erreurs commises dans les fonds

09h05

French Tech : DiamFab investit dans une ligne pilote pour son électronique sur diamant

14h03

Le client de messagerie eM Client lance l'application mobile

Communication
Officielle
20h04

Le tracé de la ligne à haute tension Ventilus approuvé, stand-by pour la Boucle du Hainaut

20h03

CleanNA lance un produit marqué CE-IVD pour l'extraction rapide et fiable d'ADN et ARN viral

Communication
Officielle
18h03

L’extraction de ressources naturelles explose dans le monde, alerte l'ONU

16h02

Le diamant de synthèse fait de l'ombre au diamant naturel

19h05

Résultats 2023: Stellantis, l’exemple à suivre pour Renault

08h02

Ce parapluie volant suit son propriétaire à la trace

11h00

Anvers se bat pour rester la capitale mondiale du diamant

11h00

Des codes QR pour suivre la trace d’un diamant, de son extraction jusqu’au dernier client

17h03

Dernier fabricant de roues de train en France, Valdunes n’a pas dit son dernier mot

16h03

La réunion semestrielle de la Patient Safety Movement Foundation trace la voie pour les initiatives mondiales en matière de sécurité des patients en 2024

Communication
Officielle
19h02

«Leur service client est nul» : un client de DPD retourne le chatbot contre l’entreprise








Ross Douthat (New York Times) : "Je placerais pas mal d’argent sur la réussite de la France au XXIe siècle" 14 avril
Lexpress.fr
Fusions bancaires: La branche suisse de Société Générale est à vendre 04 avril
TribuneDeGeneve.ch
«Sept magnifiques» contre «Granolas», des destins boursiers contrastés 30 mars
LeTemps.ch
Olena Tregub : "En Russie, on apprend aux écoliers qu’il faudra un jour s’emparer de Paris et de Berlin" 09 avril
Lexpress.fr
Jean-Charles Naimi est décédé 15 avril
Agefi.fr
Swatch Group fait marche arrière sur le télétravail 29 mars
LeTemps.ch
Faillite prononcée pour le holding faîtier de Cassis & Paprika 02 avril
Lalibre.be
Les deux armes, suisses et secrètes, de TotalEnergies 06 avril
LeTemps.ch
CNP Assurances désapprouve la stratégie climat d’Amundi 03 avril
Agefi.fr
Biogaran racheté par un Indien, le scenario cauchemar du secteur des génériques 17 avril
Lesechos.fr
Turkish Airlines a écrasé l'an dernier ses concurrents européens 05 avril
Lesechos.fr
Le retour dans l’édition d’Arnaud Nourry, ex-patron de Hachette 05 avril
LePoint.fr
Quand voir des biais cognitifs partout devient un piège, par Julia de Funès 08 avril
Lexpress.fr
«Je n'ai aucune réservation» : à 100 jours des JO, la désillusion des hôteliers et propriétaires d’Airbnb 17 avril
Lefigaro.fr
La fusion de Crelan et Axa Bank entraînera la suppression de 150 emplois "à long terme" 23 avril
rtlinfo.be