Un projet de loi prévoit que les fruits, légumes, poissons et viandes transportés par avion soient systématiquement présentés comme tel. Le WWF et les défenseurs des consommateurs applaudissent, les détaillants grognent
Environ 4% des poissons et 3% de la viande importés en Suisse le sont par avion. Tout comme 7000 tonnes de fruits et légumes chaque année. Une aberration pour la conseillère nationale verte Christine Badertscher qui a déposé en mars 2022 une initiative parlementaire afin que le transport de denrées alimentaires par voie aérienne soit indiqué sur l’étiquette. Objectif: «améliorer la transparence sur les pratiques particulièrement nuisibles à l’environnement afin que le consommateur puisse opter pour des achats plus responsables».
Fort du soutien du président de l’Union suisse des paysans, le centriste Markus Ritter, le texte a débouché sur un [projet de loi](https://www.fedlex.admin.ch/filestore/fedlex.data.admin.ch/eli/dl/proj/2023/70/cons_1/doc_2/de/pdf-a/fedlex-data-admin-ch-eli-dl-proj-2023-70-cons_1-doc_2-de-pdf-a.pdf), en consultation jusqu’au 22 janvier. Toutefois, rien n’est encore joué, souligne jeudi le [_Tages-Anzesiger_](https://www.tagesanzeiger.ch/migros-und-coop-gegen-deklarationspflicht-fuer-flug-importe-399469668025) qui est allé s’enquérir des positions des différents acteurs.
### Sur le champ de bataille, deux camps s’affrontent
Sans surprise, le WWF et la Fondation pour la protection des consommateurs se sont déclarés favorables à l’introduction d’obligation de déclarations des denrées alimentaires transportées par avion. Mais de l’autre côté du prisme, des acteurs de poids s’y opposent fermement, à commencer par les détaillants.
Dans une longue [prise de position](https://ig-detailhandel.ch/de/vernehmlassungen-stellungnahmen/stellungnahme-flugtransporte-bei-lebensmitteln-deklarieren) publiée en décembre, IG Retail, qui réunit Coop, Denner et Migros, estime notamment que le moyen de transport emprunté par le produit n’est pas «décisif» en matière de durabilité – «la production, l’extraction ou la production génèrent une proportion de polluants bien plus élevée que le transport», écrivent-ils. Surtout, ils mettent en cause la faisabilité et l’efficacité de la mesure.
### Migros et Coop vent debout, Lidl et Aldi pas concernés
L’Union européenne n’imposant pas de déclarations d’importations aériennes, «on ne peut pas supposer que les fabricants internationaux effectueront la déclaration et donc les emballages spéciaux uniquement pour le marché suisse», avance IG Retail. Laquelle précise que, si tel était le cas, il faudrait s’attendre à une augmentation des tarifs qui se répercuterait sur le porte-monnaie des consommateurs. Par ailleurs, le texte prévoit que les marchandises arrivant en Suisse par la voie du rail après avoir atterri ailleurs en Europe ne soient pas soumises à l’obligation de déclaration. Pour les détaillants, cela pourrait inciter les entreprises à délocaliser leurs services de tri, reconditionnement, découpe et préparation.
Migros et Coop se mobilisent déjà pour indiquer quand leurs produits sont arrivés en Suisse par la voie des airs en y apposant un autocollant «By air», soulignent par ailleurs leur porte-parole respectif au _Tages-Anzeiger_. Pour Migros, Patrick Stöpper assure que la part des marchandises aéroportées ne représente que 0,27 pour cent du volume total des ventes. Lidl et Aldi, eux ne sont pas directement concernés par le projet de loi: ils ont [déjà annoncé avoir renoncé](https://www.lenouvelliste.ch/suisse/fruits-et-legumes-migros-et-coop-ne-renoncent-pas-au-transport-aerien-1251473) au transport aérien.
De son côté, «Gastrosuisse ne voit aucune nécessité d’agir», souligne encore le quotidien alémanique. Le milieu de l’hôtellerie, pour qui la déclaration de l’origine du produit est suffisante, demande à être exempté si la loi passe, car le secteur serait alors «confronté à des problèmes de mise en œuvre spécifiques supplémentaires».