CHRONIQUE. La Chine tourne sans regret la page de 2023, qui n’a pas apporté le rebond économique et des marchés financiers espéré après la levée des restrictions liées au Covid-19. Mais le pays conserve des atouts, dans la technologie ou l’automobile
Ce week-end, la Chine est entrée dans une nouvelle année de son calendrier lunaire, placée cette fois sous le signe du Dragon. Nombre de Chinois auront sans aucun doute été ravis de tourner la page de 2023. Bien que placée sous le signe prometteur du lapin, l’année n’aura pas été le théâtre du rebond économique et des marchés financiers tant espéré dans le sillage de la levée des restrictions liées au Covid-19.
En effet, l’économie chinoise a affiché une croissance de 5,2% l’an dernier, ce qui est certes en ligne avec l’objectif des autorités mais inférieur à ce qu’elle aurait pu délivrer si la confiance des agents économiques locaux et internationaux n’avait pas été affectée par la profonde crise immobilière que traverse le pays ainsi que par les tensions géopolitiques.
### Plombés par l’immobilier
Les difficultés du marché immobilier, qui représente 60% du patrimoine des ménages chinois, ont ainsi fait plonger la confiance des consommateurs à son plus bas niveau depuis plus de trente ans, ce qui a entraîné une hausse du taux d’épargne et une baisse de la consommation domestique.
Les exportations se sont même contractées l’an dernier en raison notamment des tensions géopolitiques entre la Chine et les Etats-Unis, qui ont pour conséquence le fait que ces derniers importent aujourd’hui davantage de leurs voisins mexicains et canadiens que de la Chine.
Enfin, les investissements – qui ont historiquement été l’un des principaux moteurs de la croissance chinoise – ont également été à la peine puisque les ceux dans l’immobilier se sont contractés de près de 10% l’an dernier, tandis que les investissements directs étrangers se sont contractés pour la première fois depuis le début des mesures.
### Bourse en baisse de 11% en 2023
Dans ce contexte économique maussade, l’indice phare chinois, le CSI 300, a concédé 11,4% en 2023 et le poids de la Chine au sein de l’indice MSCI émergent est passé, en deux ans, de 40% à 30%.
Si la défiance des investisseurs se comprend, la valorisation actuelle du marché, qui est retombée à son plus bas niveau en dix ans, semble toutefois intégrer le scénario du pire et faire abstraction de nombre d’éléments qui plaident en faveur d’une allocation à la Chine.
En effet, au cours de la décennie écoulée, la Chine est passée du statut d’«usine du monde» à celui de leader technologique dans nombre de domaines comme les télécoms, avec la 5G, ou la transition énergétique, avec les batteries et les panneaux solaires.
Elle est en outre devenue le premier exportateur automobile mondial devant le Japon. Enfin, la Chine reste un formidable marché domestique, avec une classe moyenne qui pourrait voir le nombre de ses membres grossir de près de 300 millions d’ici à 2030.
En conclusion, si les difficultés que traverse actuellement la Chine sont bien intégrées dans les cours, ceux-ci font abstraction des atouts indéniables de la Chine dans nombre de domaines. Les valorisations actuelles constituent dès lors un bon point d’entrée pour les investisseurs à long terme souhaitant (re)prendre position sur les marchés d’actions chinois et ce d’autant plus que les autorités ont récemment pris un certain nombre de mesures pour soutenir les marchés.