ANALYSE. En payant 123 millions de dollars, la banque genevoise a réglé son différend fiscal avec les autorités américaines. A un tarif bien inférieur à celui souvent payé par ses concurrents
Les 123 millions de dollars payés par Pictet aux autorités américaines la semaine passée ont beaucoup fait parler sur la place financière. Comme une centaine de ses consœurs helvétiques, la banque genevoise a été dans le viseur des Etats-Unis pour avoir aidé des contribuables américains à frauder le fisc entre 2008 et 2014. Micros fermés, les réactions que nous avons recueillies auprès d’autres banquiers ont oscillé entre frustration et admiration. Entre «Je suis dégoûté!» et «Ils sont forts, chez Pictet». Le point commun entre ces deux opinions: le sentiment que la banque privée a obtenu une sanction relativement clémente de la justice américaine. Les chiffres des amendes américaines qui ont frappé des banques suisses pour des questions fiscales depuis 2009 montrent que Pictet semble s’en être bien tirée, comparé à certaines de ses concurrentes. Même si l’expression peut paraître incongrue après un paiement de 123 millions.
En contact avec le Département de la justice (DoJ) depuis plus de onze ans dans ce dossier, le groupe bancaire figurait en catégorie 1 du programme américain de régularisation des banques suisses, lancé à l’été 2013. Les établissements placés dans cette case ont fait l’objet d’une enquête de la part des autorités américaines pour avoir aidé des fraudeurs fiscaux. Cela les a empêchés de participer en catégorie 2, qui permettait aux banques de s’annoncer auprès du DoJ et de conclure un accord de non-poursuites – moyennant paiement bien sûr.
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