La peste Stadler ou le choléra Siemens

CHRONIQUE. Jouer le jeu du libéralisme mondialisé et être le dernier pays à le faire, ou assumer la préférence nationale et risquer de perdre des marchés? Un dilemme qui occupe Alexis Favre, entre la chèvre et le chou

Il y a quelques années, j’ai eu la chance insolite et thurgovienne d’aller voir comment Stadler Rail construit ses trains, du côté de Bussnang, tout en haut à droite sur la carte. C’était en 2017, le fleuron helvétique n’était pas encore coté en bourse, mais il intéressait une délégation de «jeunes leaders» (sic) suisses et américains, parmi lesquels un généreux hasard m’avait glissé par inadvertance.

Venus des quatre coins des Etats-Unis, entrepreneurs, jeunes officiels, deputy-quelque-chose et républicains pour la majorité d’entre eux, ils avaient jeté leur dévolu sur Stadler pour une raison précise, largement moins ferroviaire que développementale: la filière suisse de l’apprentissage. Dont le fabricant de trains faisait alors figure d’élève modèle, avec des dizaines d’apprentis d’un bout à l’autre de sa chaîne de production. Faire sa part pour former la relève était essentiel pour M. Spuhler, nous expliquait ce jour-là sa chargée de communication.