
L’industrie manufacturière chinoise s’effondre sous l’effet des taxes américaines, ce qui suscite des appels à la relance
L’activité des usines chinoises a connu sa pire contraction depuis décembre 2023, révélant les premiers dommages causés par les tarifs douaniers de Donald Trump. L’indice des directeurs d’achat (PMI) a chuté plus que prévu en avril à 49 points contre 50,5 en mars, a indiqué mercredi le Bureau national des statistiques. Un indice supérieur à 50 témoigne d’une croissance de l’activité manufacturière et, en deçà, d’une contraction.
L’indice PMI non manufacturier, qui mesure l’activité du secteur des services, s’est lui établi à 50,4, contre 50,8 en mars. Le Bureau national des statistiques a expliqué que le déclin de l’activité manufacturière était dû à une base de comparaison élevée et à des «changements brutaux dans l’environnement extérieur». Il a ajouté qu’il n’y avait «pas de gagnant dans les guerres commerciales» et a souligné la pression exercée sur les industries d’autres grandes économies.
Les indicateurs offrent un premier aperçu sombre de la santé de l’économie chinoise après que l’administration Trump a imposé des droits de douane prohibitifs de 145% sur ses produits, bien que la Maison-Blanche ait introduit certaines exemptions, comme pour l’électronique. Washington a par ailleurs confirmé mardi que les importations d’acier et d’aluminium pour le secteur automobile échapperaient aux taxes introduites en mars.
Choc sur les exportations
Pékin vise une croissance d’environ 5% cette année, un objectif jugé ambitieux par de nombreux experts, d’autant plus que l’économie chinoise est confrontée à une demande intérieure atone et à une crise prolongée dans le secteur de l’immobilier. La guerre commerciale a incité plusieurs grandes banques, dont UBS et GOLDMAN SACHS, à revoir à la baisse leurs prévisions pour la Chine en 2025, les ramenant à environ 4%, voire moins, au cours des dernières semaines.
«L’impact des tarifs douaniers signifie que l’objectif de croissance de la Chine n’est plus réalisable», écrivent les économistes d’Oxford Economics. La Société Générale estime de son côté que les exportations de la Chine vers les Etats-Unis chuteront de 70%, ce qui équivaut à un «choc direct négatif» de 2% sur le produit intérieur brut (PIB).
Dans l’attente de mesures de relance
«Nous pensons que Pékin doit prendre des mesures plus audacieuses», écrit Ting Lu, économiste en chef pour la Chine chez Nomura dans une note. L’expert exhorte les décideurs politiques à relever les défis structurels tels que l’effondrement du marché immobilier, à réformer le système de retraite et à améliorer les relations avec les autres économies. «Pékin est resté plus calme que ce que les marchés attendaient, mais le risque est un choc de la demande plus important que prévu.»
Afin d’alléger la pression sur les exportateurs, Pékin a présenté cette semaine des plans visant à aider les entreprises en difficulté à obtenir des prêts et à stimuler la consommation intérieure, mais n’a pas annoncé de mesures de relance économique plus agressives. Les autorités ne semblent pas pressées de négocier avec Washington. Lundi, le ministre des Affaires étrangères, Wang Yi, a mis en garde les pays contre la tentation de céder aux menaces des tarifs douaniers des Etats-Unis, affirmant que l’apaisement ne ferait qu’enhardir le «tyran».