
Le président argentin, dont nous célébrons le premier anniversaire au pouvoir, a appliqué son programme ultralibéral, voire libertarien. Avec succès?
«Nous sommes le meilleur gouvernement de l’histoire argentine» clamait Javier Milei en septembre dernier lors du lancement de son parti. Le président argentin, dont nous célébrons le premier anniversaire au pouvoir, a appliqué son programme ultralibéral, voire libertarien. Avec succès?
Plusieurs indicateurs économiques sont au vert. La confiance d’abord: depuis l’élection de leur nouveau président, les Argentins se montrent plus optimistes: ils étaient seulement 13% à imaginer un futur économique meilleur en décembre 2023. Ils sont désormais 43%, selon un sondage Opina Argentina, rendu public en novembre 2024.
Prouesses macroéconomiques
La compétitivité monétaire ensuite: dans une économie très dollarisée, le peso reprend de la force. Le taux de change vis-à-vis de la monnaie américaine baisse depuis juillet 2024.
Enfin, l’inflation ralentit. Les prix à la consommation n’augmentent plus que de 2,7% par mois, le chiffre le plus bas depuis trois ans.
Mais ces prouesses macroéconomiques cachent des réalités microéconomiques très dures. Le PIB a reculé de 1,6%. Si d’un côté, la valeur des plus grandes entreprises a bondi ( 130% en un an), de l’autre, la production des petites et moyennes entreprises continue de chuter pour le sixième trimestre consécutif, et entraîne avec elle le chômage dans la pire conjoncture depuis 2016.
La pauvreté a bondi
Les travailleurs au noir sont plus nombreux et moins bien payés. Le taux de pauvreté a dépassé les 50% depuis que Milei est arrivé à la Casa Rosada. Tout ça, notamment, parce que sa méthode a consisté à rétrécir drastiquement la taille de l’Etat, comme le libertaire s’en enorgueillit: «Nous avons fait l’ajustement le plus important de l’humanité et l’économie n’a souffert que pendant quelques mois», déclarait-il le 7 novembre dernier.
Depuis décembre 2023, 50 000 fonctionnaires ont perdu leur emploi. C’est près de 20% de la masse salariale publique.
Milei a aussi dérégulé les secteurs de l’eau, du gaz et de l’électricité. Il prévoit de privatiser les lignes aériennes intérieures faisant craindre une moindre connectivité entre les régions de cet Etat fédéral de 3700 km de long.
Des mesures nécessaires?
Une partie des Argentins jugent ces mesures nécessaires pour redevenir un pays attractif. Mais les médecins et les professeurs, qui ont vu les budgets de la santé et de l’éducation diminuer de moitié, descendent dans la rue pour crier leur inquiétude.
Les bourses, en revanche, se réjouissent. Milei a même été reçu en grande pompe par les traders du New York Stock Exchange (NYSE) fin septembre.
Sur le plan international, Javier Milei s’est fortement rapproché de la première ministre italienne Giorgia Meloni, de Donald Trump et d’Emmanuel Macron. Ce dernier s’est d’ailleurs vanté d’avoir rencontré, à défaut de Maradona ou de Messi, l’économiste à la tronçonneuse.
Mais après une année au pouvoir, deux points clés du programme de Javier Milei restent encore inachevés: la dollarisation de l’économie argentine et la fermeture de la banque centrale. Il s’en expliquait dernièrement face à Lex Fridman: «Vous ne pouvez pas fermer la banque centrale si elle est en faillite parce qu’en réalité vous devez éponger toutes ces dettes de la banque centrale».
Concernant le reste des mesures pour 2025, Milei a récemment annoncé la tendance sur son compte X: «Etant donné le panorama, je confirme que je continuerai à fond avec la tronçonneuse. Vive la liberté, bordel!»