Transport routier en Belgique: "Quand on le dit au patron, il nous répond que pour 1 Belge, il a 2,5 Slovaques"
"En 2003, il y avait 300 chauffeurs belges. En 2017, il y en a 60 et plus de 300 Slovaques", nous a écrit le camionneur d'une grosse société de transport internationale implantée en Belgique. "Quand on le dit au patron, il nous répond que pour un Belge, il a 2,5 Slovaques", ajoute-t-il via notre bouton orange Alertez-nous. En deux phrases, notre témoin qui souhaite garder l'anonymat a parfaitement résumé le dumping social qui sévit dans le secteur du transport routier.Libre circulation et élargissementGuidée par la volonté d'instaurer une libre circulation de la main d'oeuvre, l'Union européenne a mis en place en 1996 une directive sur le travailleur détaché, c'est-à-dire "tout travailleur qui, pendant une période limitée, exécute son travail sur le territoire d’un Etat membre autre que l’Etat sur le territoire duquel il travaille habituellement", précise cette directive. Quelques années plus tard, en 2004, l'Union européenne s'est élargie de 10 nouveaux membres, essentiellement des pays d'Europe de l'est aux normes salariales et sociales nettement inférieures à celles de pays comme le nôtre.Le dogme de libre circulation et l'élargissement ont créé les conditions d'un dumping social inévitable. Selon le principal syndicat des chauffeurs en Belgique, la FGTB-UBT, alors que l'activité de transport est loin d'avoir décliné, plusieurs milliers de chauffeurs belges ont perdu leur emploi au cours des dix dernières années et les camions aux plaques immatriculées dans un pays d'Europe de l'est s'observent de plus en plus nombreux sur nos autoroutes.La filière slovaqueLe premier pays de l'est à signer son adhésion à l'Union européenne a été la Slovaquie, en 2003. Un an plus tard, cette entrée entrait en vigueur. Et dès 2005, des transporteurs belges créèrent en Slovaquie les premières firmes boîtes aux lettres, affirme l'UBT. "Jamais, je n’aurais pu soupçonner que les choses allaient changer ...