
Les échéances à taux fixe de courte et moyenne durée n’ont jamais été aussi avantageuses depuis plus de trois ans. La tendance pourrait se poursuivre si la Banque nationale suisse abaisse encore son taux directeur
A 1,25% pour les échéances à taux fixes sur cinq ans et à 1,12% pour celles sur deux ans, les hypothèques retrouvent leur niveau de début 2022. A titre de comparaison, les hypothèques sur cinq ans atteignaient il y a un an 2,33%, soit plus d’un point de pourcentage de plus, et les secondes plus du double à 2,31%, a indiqué jeudi le comparateur en ligne Moneyland dans un communiqué.
Pour les échéances de longue durée, la baisse des taux a été moins marquée depuis juin 2024, c’est pourquoi la courbe des taux est actuellement nettement plus raide qu’il y a encore un an. Les hypothèques à dix ans s’affichent actuellement à 1,62%, soit davantage qu’en début d’année et qu’il y a trois ans.
«La perspective que la Banque nationale suisse abaisse son taux directeur à 0% ou en zone négative a exercé davantage de pression sur les taux des hypothèques fixes à court terme que sur celles à long terme», explique Felix Oeschger, expert chez Moneyland.
Vers une baisse du taux Saron
La plupart des observateurs du marché s’attendent à ce que la Banque nationale suisse (BNS) abaisse son taux directeur de 0,25% actuellement à 0% le 19 juin lors de sa prochaine réunion de politique monétaire. Cette baisse des taux devrait déjà être intégrée dans les taux des hypothèques à taux fixe, estime Moneyland.
Ce nouvel assouplissement monétaire devrait en revanche rendre encore plus avantageuses les hypothèques Saron. Celles-ci oscillent actuellement entre 0,9% et 1,4%, soit environ la moitié du prix d’il y a un an. Pour rappel, les hypothèques du marché monétaire sont indexées au taux de la BNS, auxquels les prestataires ajoutent une marge qui dépend de la solvabilité du client.
Inflation négative
Dans un scénario où la BNS abaisserait le taux directeur en dessous de 0% lors des prochaines étapes, il faudrait s’attendre à un nouveau recul des taux hypothécaires, estime Moneyland. Le taux d’inflation ne semble actuellement pas faire obstacle à de nouvelles baisses des taux d’intérêt par la Banque nationale. En mai, l’inflation a même glissé en zone négative, à -0,1% en rythme annuel. Il faut remonter à mars 2021 pour retrouver une tendance semblable.
«Dans cette situation marquée par les incertitudes, une réintroduction des taux d’intérêt négatifs ne peut pas être exclue», relève Felix Oeschger. L’élément déclencheur d’une réintroduction des taux négatifs par la BNS pourrait être un franc qui se renforcerait encore, par exemple en cas de nouvelle escalade du conflit commercial.
Entre 2015 et début 2022, la politique monétaire de la BNS s’appuyait sur un taux d’intérêt négatif destiné à lutter contre la surévaluation du franc. Mais l’institut d’émission monétaire avait rapidement changé de cap en raison de la vague inflationniste qui avait suivi l’invasion de l’Ukraine par la Russie.