Le marché américain
La rupture des négociations entre MICROSOFT et les Etats américains plaignants a déprimé l'indice Nasdaq lundi. Ce n'était qu'une péripétie face au véritable vent de panique qui s'est emparé du marché mardi. La confirmation de la culpabilité annoncée lundi soir servait cette fois de bouc émissaire. Cependant, la baisse avait déjà démarré la semaine précédente pour la plupart des titres. Au plus bas, l'indice Nasdaq accusait une baisse de 575 points, ou plus de 13%, affichant finalement une décote de 2,7% en clôture. Le Dow Jones Industrial se trouvait lui-même entraîné dans la tourmente, chutant de 4,5% au plus bas. Résultat: sur les deux dernières semaines, le Nasdaq Composite a connu sa plus forte correction depuis juillet-octobre 1998. Par rapport au plus haut intrajournalier du 10 mars, cet indice était en baisse, à son plus bas mardi, de près de 29% contre 33% pendant la correction de 1998. Sur une base de cours de clôture, la baisse est, pour l'instant, de 15,4% contre près de 30% en 1998.
La séance de mardi avait certaines caractéristiques d'une capitulation, avec un volume record de 2,8 milliards de titres au Nasdaq et une forte liquidation liée à des appels de marges. Il y a actuellement deux problèmes clairement identifiables: le niveau record de la dette sur marge et la bulle sur les valeurs liées à Internet. Le dénouement de la dette sur marge pourrait avoir des conséquences néfastes sur les investisseurs concernés, les courtiers et les titres sous-jacents. Le dégonflement de la dette sur marge et de la bulle devrait donc induire un effet ralentisseur sur l'économie réelle, mais ne semble pas poser de risques majeurs pour le système financier dans son ensemble. Ce coup de semonce pourrait également signifier le début de la fin pour les sociétés ayant jusqu'ici surfé sur la vague Internet en atteignant des capitalisations boursières démesurées par rapport à leurs fondamentaux. En conclusion, la récente baisse a plutôt l'air de la correction d'un excès que du début d'une crise plus importante, même si la volatilité pourrait
subsister pour quelque temps
encore.
*Pictet & Cie.