Affichant des chiffres record, l’industrie européenne de l’armement est en pleine expansion sur le plan financier. Mais le décalage entre les discours politiques et la réalité des commandes est pointé du doigt par les acteurs de ce secteur particulier
Ces dernières semaines, les appels à passer à une «économie de guerre» se multiplient à nouveau. Depuis le début de l’invasion russe, l’expression revient régulièrement dans la bouche de ministres, de chefs d’Etat ou encore de responsables de l’Union européenne (UE), sans que sa concrétisation ne soit très claire. En deux ans de conflit, les objectifs fixés n’ont pas été remplis malgré les discours volontaristes. Un exemple? En mars 2023, l’Union européenne s’engageait à fournir à l’Ukraine un million d’obus. Il y a deux mois, Josep Borrell, le chef de la diplomatie de l’UE, avertissait que fin mars, les livraisons ne s’élèveraient qu’à 52% de cette promesse.
«La stratégie européenne est de produire plus de munitions d’artillerie que la Russie, mais la question qui se pose est de savoir à quel horizon, souligne Alexandre Vautravers, rédacteur en chef de la Revue militaire suisse, docteur en histoire et en sciences économiques. Car l’objectif actuel est d’atteindre ces résultats en 2027, fin 2026 dans le meilleur des cas.» L’aide à l’Ukraine n’est qu’un pan d’une volonté de voir se mettre en place une véritable politique de défense commune. Au début du mois, l’UE présentait un plan pour son industrie de la défense avec un budget de départ de 1,5 milliard d’euros pour 2025-2027. En France, Sébastien Lecornu, ministre des Armées, a déclaré le 26 mars que les autorités envisagent d’adresser des «réquisitions» aux industriels du secteur de l’armement.
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