
Si l’enfant est sacré dans une Italie frappée par une forte dénatalité, les familles sont livrées à elles-mêmes, soutenues seulement par une aide publique superficielle
Des cris de joie et des hurlements désolés proviennent de l’intérieur d’une église du sud de Milan. Protégés d’une chaleur suffocante par la fraîcheur de l’obscurité de l’édifice religieux, des dizaines d’enfants s’amusent. Un animateur annonce les résultats d’une journée de joutes sportives. Quelques secondes plus tard, un jeune prêtre plisse les yeux en sortant par la porte principale, ébloui par un soleil de fin de journée. Don Roberto, trentenaire sans col romain, s’apprête à accueillir les parents des nombreux petits qui participent à son «camp estival», ces structures très populaires en Italie accueillant des enfants déjà en vacances pendant que leurs géniteurs travaillent encore. Après 17h, les rues et les bars autour de l’église s’emplissent des cris de joie des bambins de 6 à 11 ans. Aucun client ne semble être dérangé par ces débordantes effusions de liesse. Pas plus qu’ailleurs dans les lieux publics en Italie.
En apprenant qu’en Suisse existent des lieux «no kids», un papa écarquille donc les yeux. «Je peux comprendre que certaines personnes recherchent une atmosphère tranquille, relaxante, commente Stefano, lui-même restaurateur. Mais de là à discriminer les enfants, cela va trop loin. Ce sont des enfants; ils doivent pouvoir faire les enfants.» A Rome, il y a quelques étés, un touriste n’était pas de cet avis, se rappelle Marie Louise, une maman milanaise. Importuné par des enfants jouant autour de la table de leur famille à la terrasse d’un restaurant, il s’en est pris aux parents car il n’entendait pas son interlocuteur au téléphone. «C’est lui que les autres clients ont foudroyé du regard», se rappelle Marie Louise.
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