
Cible d’un rachat par sa rivale italienne UniCredit, la banque allemande fait l’objet d’un bras de fer entre Berlin et Rome
Commerzbank a annoncé mardi changer prématurément de président, au moment où la deuxième banque allemande est la cible d’un rachat par sa rivale italienne UniCredit. Bettina Orlopp, actuellement directrice financière du groupe, succédera à Manfred Knof, qui quittera l’établissement le 30 septembre.
«Nous avons une stratégie qui porte ses fruits, mais nous avons aussi de grands défis à relever», a déclaré Bettina Orlopp dans le communiqué, sans mentionner directement la bagarre qui oppose COMMERZBANK à sa rivale italienne UniCredit. Cette dernière a relevé mercredi son objectif de bénéfice net à plus de 9 milliards d’euros pour 2024, contre plus de 8,5 milliards d’euros auparavant.
La semaine dernière, la nouvelle présidente avait déclaré que l’Etat allemand serait inspiré de «conserver» ses titres
COMMERZBANK, l’important étant «de réfléchir calmement à ce qui est sur la table et à la manière d’y réagir».
Après avoir acquis 8,5% du capital de
COMMERZBANK en septembre, UniCredit est passée à la vitesse supérieure lundi en montant à près de 21%, relançant des spéculations sur un éventuel rachat total malgré la résistance de Berlin. UniCredit a agi par le biais d’instruments financiers qui pourront être actionnés une fois les autorisations reçues par la Banque centrale européenne (BCE), qui agit comme superviseur des grandes banques en Europe.
### «Il n’y a pas d’offre», dit le patron d’UniCredit
Mercredi, le directeur général d’UniCredit, Andrea Orcel, a assuré ne pas briguer de siège au sein du conseil de surveillance de Commerzbank. Ce ne serait pas approprié car les deux établissements sont concurrents, a déclaré en substance le banquier italien, précisant que «Commerzbank est actuellement un investissement, rien d’autre. Il n’y a pas d’offre [de rachat, ndlr]». Un investissement à 3,5 milliards d’euros pour lequel UniCredit veut veiller «à ce que tout se passe bien», a fait valoir Andrea Orcel.
Le chancelier allemand Olaf Scholz a crié rapidement son opposition. «Les attaques hostiles, les prises de contrôle forcées ne sont pas bonnes pour les banques», a-t-il déclaré lundi à des médias allemands depuis New York, ajoutant que son gouvernement s’était «clairement positionné à cet égard».
L’exécutif allemand «soutient la stratégie de
COMMERZBANK axée sur l’indépendance», a déclaré une source proche du Ministère des finances dans un message transmis à l’AFP. Berlin ne soutiendra pas une prise de contrôle par la deuxième banque italienne et cela a été «notifié à UniCredit», a ajouté cette source. Berlin a dit ne pas vouloir mettre en vente «jusqu’à nouvel ordre» d’autres lots de la participation publique de 12% dans
COMMERZBANK, se disant décidé à soutenir son indépendance.
Les propos d’Olaf Scholz ont laissé perplexe le ministre italien des Affaires étrangères et vice-premier ministre Antonio Tajani qui a volé au secours d’UniCredit. «Il s’agit d’initiatives privées, mais légitimes. Je ne comprends pas pourquoi il s’agirait d’un acte hostile, celui d’une entreprise italienne qui achète sur le marché européen», a-t-il déclaré à la presse italienne depuis New York.