
L’ancien patron du fonds qui a accéléré la chute de CREDIT SUISSE, a été reconnu coupable mercredi de fraude et de manipulation des marchés. Il risque jusqu’à 200 ans de prison. En implosant, Archegos avait fait perdre 5,5 milliards de dollars à la défunte banque aux deux voiles
L’ancien patron du fonds d’investissement américain Archegos Capital Management, Bill Hwang, a été reconnu mercredi à New York coupable de fraude et de manipulation de marché. L’affaire avait coûté des milliards de dollars à plusieurs banques, dont Credit Suisse.
Le jury d’un tribunal fédéral de Manhattan a retenu 10 des 11 chefs d’accusation qui pesaient sur le financier, selon plusieurs médias américains. Il encourt une peine pouvant aller jusqu’à 200 ans de prison. L’ancien directeur financier d’Archegos, Patrick Halligan, a lui été déclaré coupable des trois chefs d’accusation retenus contre lui.
En pleine pandémie de Covid-19, Sunn Kook Hwang, de son vrai nom, avait accumulé, en quelques mois, des positions massives et dissimulées pour l’essentiel, dans quelques sociétés. A son pic, en mars 2021, Archegos était exposé à hauteur de 160 milliards de dollars par le biais de produits dérivés, grâce auxquels la société de Bill Hwang avait démultiplié sa force de frappe, mais aussi les risques encourus.
### L’effondrement d’un fragile édifice
Son objectif était de faire grimper le cours des quelques sociétés dans lesquelles Archegos avait investi, au point de quasiment quadrupler la valorisation de ViacomCBS (devenu depuis Paramount Global) en un peu plus de quatre mois. Dans le même temps, ce financier américain d’origine sud-coréenne et trois de ses cadres avaient masqué la taille de leurs positions aux établissements qui leur vendaient ces «swaps» ou lui prêtaient de l’argent. Le fragile édifice s’est effondré lorsque ViacomCBS a annoncé, en mars 2021, une augmentation de capital, qui a déclenché un mouvement brutal de ventes des titres à Wall Street.
Lire aussi: Archegos: UBS devra payer près de 400 millions pour Credit SuisseCette inflexion a provoqué un effet domino, qui a fait fondre à vitesse accélérée la trésorerie d’Archegos et plonger le cours des titres que détenait le fonds d’investissement. Environ 100 milliards de dollars de capitalisation boursière se sont ainsi envolés, lésant les autres actionnaires de ces entreprises et les établissements qui avaient fait affaire avec Archegos, principalement des banques.
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CREDIT SUISSE et
UBS touchées
La plus touchée a été
CREDIT SUISSE, qui a perdu quelque 5,5 milliards de dollars. Au total, l’ardoise se monte à environ 10 milliards pour les banques prises dans ce tourbillon. Cet événement a encore un peu plus fragilisé
CREDIT SUISSE, qui a frôlé la faillite en mars 2023 avant d’être repris par son concurrent suisse UBS. L’établissement aux trois clefs a lui aussi perdu des plumes dans cette affaire, à hauteur de 861 millions de dollars qu’il avait prêtés au fonds de Bill Hwang.
Lire aussi: Archegos, «client fiable» de CREDIT SUISSE et symbole de ses errementsLe procureur a déclaré après le verdict que le patron d’Archegos «a menti sur les positions [du fonds] dans ces entreprises et sur à peu près tous les autres paramètres importants que les banques d’investissement utilisaient pour déterminer la solvabilité de l’entreprise».