
En collaboration avec le plasticien new-yorkais Kaws, la marque horlogère pénètre le champ artistique avec une première œuvre manifeste sortie cet automne. En voyant cette montre, toute pop et souriante, il est difficile d’imaginer le faisceau de compétences qu’il a fallu mobiliser pour la réaliser
Il est des montres qui illustrent mieux que d’autres le destin contradictoire de l’horlogerie contemporaine – condamnée volontaire à faire le plus sérieusement du monde des objets dont le monde n’a pas besoin. La dernière Royal Oak Concept Tourbillon «Companion» d’Audemars Piguet, cosignée par l’artiste new-yorkais Kaws, de son vrai nom Brian Donnelly, est de cette trempe. Une œuvre manifeste d’une rigueur absolue, dont la réalisation a mobilisé toute l’expertise d’une manufacture presque trois fois jubilaire et ses praticiens les plus aguerris. Le chantier a duré deux ans et s’est bouclé sur plusieurs innovations, dont un nouveau mécanisme d’affichage et une batterie de procédures industrielles inédites. Tout ça au service d’une montre qui n’indique que l’heure et la minute, souriante, amusante, légère comme un cartoon.
Un tel programme ne pouvait commencer que par un choc des cultures. Il y a d’un côté Brian Donnelly, artiste complet, surtout célébré pour ses art toys, personnages transformistes aux oreilles en chou-fleur et aux yeux en croix, drôles et cruels, enfants illégitimes de Homer Simpson et de Cruella. De l’autre côté, Audemars Piguet, cheffe de file de la haute horlogerie et premier violon de la recherche et développement (R & D) appliquée à la montre. La fusion des deux mondes était sans doute inévitable, ce n’était qu’une question de temps. Le premier contact est établi en 2021, quand le plasticien croise l’ex-patron d’AP, François-Henry Bennahmias. Trois ans plus tard, la nouvelle Royal Oak Concept est sous toit. La production est lancée, série limitée à 250 exemplaires.
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