CHRONIQUE. Les fameux Magnificent Seven ont porté les marchés en 2023. Doit-on s’attendre au même scénario en 2024? La diversification intra-secteur, soit le choix d’investissement entre sociétés du même secteur, est remise en question
Sale temps pour la gestion active en 2023: une étude de LSEG Lipper révèle que seulement 34% des fonds mutuels américains ont réussi à surpasser leur indice de référence l’an dernier. Pour obtenir une surperformance, un gérant doit faire des paris «actifs», c’est-à-dire dévier de son indice de référence (SMI, S&P 500…) en surpondérant ou en sous-pondérant certains titres ou secteurs. Mais comment faire lorsque la performance d’un indice comme le S&P 500 est largement attribuée à quelques actions seulement? En 2023, les fameux Magnificent Seven (Apple, Nvidia, Tesla, Alphabet, Meta, AMAZON et Tesla) ont vu leurs actions s’envoler de près de 60% en bourse alors que les 497 autres sociétés du S&P 500 n’ont progressé que de 2,22%. Une situation qui a nécessité de surpondérer le secteur technologique, ou de s’abstenir.
Doit-on s’attendre au même scénario en 2024? Certes, la performance des Magnificent Seven s’explique partiellement par une croissance de leur profit de plus de 18% en 2023 (sans tenir compte de Nvidia, qui n’a pas encore dévoilé ses résultats), alors que les autres titres du S&P 500 ont vu en moyenne leur bénéfice se contracter. Toutefois, 18% de croissance des bénéfices ne justifie pas la hausse spectaculaire du prix des actions, le reste étant dû à des multiples (ratio cours/bénéfice) bien plus élevés qu’il y a un an.
### Pas de retournement de tendance
Les stars de la tech américaine ne devraient pas connaître la même embellie en 2024 que l’an dernier, et nous ne devrions dès lors pas nécessairement assister à un retournement de tendance. Les leaders d’hier ne seront pas des suiveurs cette année: au contraire, les leaders resteront leaders.
Dans la tech d’abord, les économies d’échelle sont gigantesques et l’intelligence artificielle nécessite des moyens, tant en puissance qu’en données, que les start-up peinent à obtenir. OpenAI l’a bien compris en s’associant à
MICROSOFT à un stade précoce.
La diversification de portefeuille est-elle donc condamnée? Non. Alors que la diversification entre secteurs devrait continuer d’améliorer la performance ajustée au risque, c’est la diversification intra-secteur, soit le choix d’investissement entre sociétés du même secteur, qui est remise en question.
### Stratégie facile à appliquer
En effet, le mantra «les leaders resteront des leaders» semble s’appliquer bien au-delà de la tech. Dans la santé, des entreprises telles que Novo Nordisk et Eli Lilly devraient maintenir leur avance sur les traitements anti-obésité assurant une croissance soutenue de leur chiffre d’affaires. Dans le secteur du luxe,
LVMH, Richemont ou Hermès continuent d’afficher de bons résultats tandis que des entreprises plus petites comme Burberry rencontrent des déceptions. Même au sein du secteur bancaire américain, globalement sous pression, les écarts de performances financières et opérationnelles entre les géants tels que JPMorgan et les banques régionales sont abyssaux.
Se concentrer sur les leaders de chaque secteur peut paraître lassant tant c’est une stratégie facile à mettre en place. Mais il faut leur reconnaître des caractéristiques communes actuellement bien indispensables: fortes parts de marché, pouvoir de fixation des prix élevé grâce à leur image de marque, faible endettement et forte profitabilité, autant d’atouts qui permettent de résister dans un environnement géopolitique complexe et une économie en décélération.