La presse dominicale a pu lire le rapport des avocats d’UBS, rédigé en réponse à la plainte des investisseurs lésés de CS. Les chiffres donnent le vertige: en dix ans, l’ancien géant bancaire a versé 32 milliards de francs mais enregistré une perte de 3,2 milliards
Il est donc possible de verser 32 milliards en bonus et dividendes sur dix ans même lorsqu’une banque ne dégage aucun bénéfice. C’est le constat qui s’impose à la lecture d’un rapport qu’a pu consulter la SonntagsZeitung, rédigé par les avocats d’UBS dans le cadre des poursuites lancées par des investisseurs s’estimant lésés par l’ancien numéro deux bancaire helvétique. Sur sa dernière décennie d’existence, CS a enregistré une perte de 3,2 milliards de francs.
Notre dossier consacré à la chute de Credit Suisse
Pourtant, [relève l’hebdomadaire zurichois](https://www.tagesanzeiger.ch/credit-suisse-die-grosse-gier-fuehrte-zum-untergang-100967436111), durant cette période, plus de 1500 gestionnaires de risques ont chaque année, systématiquement, perçu un million de francs, un montant resté stable au fil des ans et qui, au total, représente 1,5 milliard. «Une autre constante a été le versement de dividendes», continue la _SonntagsZeitung_. Là encore,
CREDIT SUISSE n’ayant pas dégagé de bénéfices sur la période, l’argent a donc dû être puisé sur le capital, creusant ainsi la propre tombe de la banque, racheté en mars 2023 par
UBS sous l’impulsion de la Confédération.
A cela s’ajoutent quelques revers mortifiants hérités du passé, notamment le rachat pour 19,6 milliards de la banque américaine DLJ en 2000 qui s’est au final révélée sans valeur et de nombreux prêts contractés pour, entre autres, renflouer des liquidités insuffisantes. C’est ainsi toute la structure de l’entreprise, des filiales à la holding
CREDIT SUISSE AG, qui s’est retrouvée exposée. L’hebdomadaire zurichois en donne une illustration: «Entre 2016 et 2020, la holding n’a reçu que 60 millions de francs de dividendes (en provenance des filiales), soit 300 millions pour l’ensemble de la période. Cela ne suffisait même pas à couvrir les frais de fonctionnement de la société holding. Toutefois, les dividendes versés aux actionnaires se sont élevés à 4,6 milliards de francs.»
### Etait-ce légal?
Pour ce faire, il a notamment fallu recourir à des prêts internes – auprès de
CREDIT SUISSE Suisse en particulier. La dette interne à court terme, entre 2016 et 2020, se chiffre à 3,4 milliards de francs, écrit la _SonntagsZeitung._
CREDIT SUISSE a alors eu l’idée de se servir des désormais fameuses obligations AT1 pour financer en partie les paiements de la holding. Ce qui n’était doublement pas viable car ces AT1 coûtaient à la banque des taux d’intérêt élevés – un milliard de francs au total – et que les agences de notation ont commencé à prendre la mesure de la dangerosité de cette stratégie.
La _SonntagsZeitung_ conclut: «La question est de savoir si tout cela était réellement légal. En effet, les pertes des années précédentes doivent avoir été compensées et des réserves constituées avant que les dividendes puissent être distribués. Le Département fédéral des finances dit depuis un an que cela est en train d’être clarifié.» On attend toujours, avec impatience, la réponse.