
Une allocation diversifiée actions-obligations n’est pas une martingale, face au changement de régime de corrélation, à la très forte hausse des actions et à la montée en puissance de la gestion passive
Par leur taille, les actions et les obligations continuent de dominer l’univers d’investissement. Dans un monde idéal, les actions permettent de transformer la croissance économique en profits puis en création de richesse pour l’investisseur, tandis que les obligations permettent de lisser le risque sur l’ensemble du portefeuille, en jouant leur rôle d’actif refuge lors des chocs de marché.
Cependant, une allocation diversifiée actions-obligations n’est pas une martingale, comme nous l’a cruellement rappelé l’année 2022, avec à la fois un choc négatif sur la croissance bénéficiaire et une poussée d’inflation, aboutissant à une correction simultanée de ces deux actifs phares.
Tout cela a laissé des traces et, même si les encours restent importants, les fonds diversifiés ont subi une vague de décollecte plus ou moins marquée selon les zones ces dernières années. En fait, nous voyons au moins trois défis posés à la gestion diversifiée ces dernières années.
Un changement de régime de corrélation entre actions et obligations souveraines à 10 ans. La corrélation roulante sur un an, qui était globalement négative du second semestre 1998 jusqu’à fin 2020, est redevenue positive, limitant les bénéfices de la diversification et la pertinence d’une allocation mixte.
Le temps d’une inflation très basse – caractéristique d’une corrélation négative – semble désormais derrière nous, même si ces derniers mois la corrélation se rapproche de zéro, redonnant un peu d’attrait aux approches traditionnelles.
Une tendance haussière très forte sur les actions, portée par l’innovation et l’intelligence artificielle. Depuis trois ans, la progression des marchés est essentiellement tirée par les Etats-Unis, et dans une moindre mesure par l’Asie. Dans cet environnement, les corrections ont été de courte durée et d’une ampleur relativement faible (moins de 5% en Europe comme aux Etats-Unis), à une exception près: l’annonce, début avril 2025, de droits de douane américains prohibitifs.
Les investisseurs ont ainsi privilégié la tendance actions, alors que les obligations souveraines ont affiché des performances décevantes: -2,3% par an pour le 10 ans américain depuis 2022, et -3,5% pour son équivalent allemand. La protection obligataire a donc été un détracteur de performance.
La montée en puissance de la gestion passive et la pression accrue sur les coûts. Aujourd’hui, la gestion indicielle est devenue colossale, avec des actifs mondiaux gérés de l’ordre de 45 000 milliards de dollars, et fournit désormais toutes les briques nécessaires pour recréer facilement et à moindre coût une allocation diversifiée pour les investisseurs aussi bien institutionnels que particuliers qui peuvent passer par des plateformes pour accéder aux meilleurs fonds indiciels.
Face à ces mutations structurelles, la gestion diversifiée doit gagner en souplesse et s’appuyer davantage sur les nouvelles technologies, comme l’intelligence artificielle, pour ajuster plus rapidement ses allocations et continuer à créer de la valeur pour les investisseurs.